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Claude Imbert Est Aussi Un Peu Critique De Cinéma

4 octobre 2008 à 12h07

Claude Imbert, éditorialiste à Le Point (qu’il fonda), n’est pas seulement "un peu islamophobe".

Il est aussi un peu critique de cinéma.

Et là, justement, il a vu : "Entre les murs".

Il a vu, "dans un quartier dit "sensible" à Paris, une classe "black-blanc-beur"’ du collège Dolto" - et ça lui inspire, à la neuvième ligne de son édito de la semaine, ce bref soupir de soulagement : "Les 9.600 collèges et lycées de France n’enseignent pas tous, Dieu merci, en zone sensible" [1].

Dieu merci aussi : "Tous les profs ne sont pas aussi discutables (que dans le film), tous les élèves aussi exotiques".

Je répète, pour le cas où tu aurais mal compris : "Tous les élèves (ne sont pas) aussi exotiques".

(Dieu merci.)

J’ouvre mon dico.

Et je lis.

"Exotique : 1◆ VIEILLI. Qui n’appartient pas aux civilisations de l’Occident. Mots exotiques. Moeurs exotiques des Inuits. 2◆ MOD. Qui provient des pays lointains et exotiques. Plante exotique."

Dans la vraie vie, naturellement - on est un peu honteux d’avoir à le rappeler : les gamins du collège Dolto ne viennent pas de "pays lointains et exotiques" mais de Paris, vingtième.

Dans la vraie vie, naturellement : les gamins du collège Dolto sont parisiens, français, occidentaux.

Claude Imbert le sait parfaitement.

Claude Imbert sait parfaitement le sens des mots.

Mais Claude Imbert est en mission : il veut crier que les problèmes de l’école viennent de "l’immigration non-européenne", dont "la France détient en Europe le" désolant "record" - et de la "conviction imbécile" que "le creuset républicain intégrerait les déracinés d’Afrique aussi aisément que jadis les Italiens et les Espagnols".

Claude Imbert sait (aussi) que c’est dans les vieux pots dégueulasses qu’on fait la meilleure soupe à la discrimination, mélangée de gros morceaux de vrai-faux paternalisme old school : selon un procédé vieux comme la droite, il proclame haut et fort que ces petits gamins-là ne sont pas de notre monde, pour mieux pouvoir, ensuite, observer que, non, décidément, ces petits gamins-là ne sont pas de notre monde.

(Si je te crache à la gueule, forcément, tu vas t’énerver : je pourrai alors prendre à témoin la terre entière que tu ne fais absolument aucun effort d’intégration.)

Pour Claude Imbert, les enfants "exotiques" de la classe black-blanc-beur du collège Dolto sont les surgeons, "déracinés d’Afrique", de "l’immigration non-européenne" - et non des Françai(se)s comme les autres.

Il suffit de l’écrire, et tout devient plus simple.

Au reste, pour le cas où tu n’aurais pas compris que ces gamins bariolés ne sont pas vraiment de chez nous ?

Claude Imbert t’annonce qu’ils "ne saisissent chez le "prof" que des bribes d’une langue qu’ils ne parlent ni avec leur famille, ni avec leurs congénères".

Je répète, pour le cas où tu aurais mal compris : "Congénères".

Je rouvre mon dico - à la page 512.

"Congénère : 1◆ DIDACT. Qui appartient au même genre, à la même espèce. Plantes, animaux congénères. 2◆ N. COUR. et PÉJ. [2] (PERSONNES) Lui et ses congénères ⇒ pareil, semblable."

Tu l’as saisi : l’indigénat exotique du collège Dolto aime à se regrouper entre Noirs ou Beurs d’une même espèce, qui n’est pas du tout la nôtre.

Et ça fait de la peine à Imbert, qui déplore "l’aliénation de ces exilés face à l’institution scolaire".

(L’exotique élève de couleur du collège Dolto est si peu Français, qu’il est même un "exilé" dans son propre pays.)

Claude Imbert, cependant, n’est pas (du tout) raciste (oooooh ben alors, que vas-tu imaginer là, esclave de la tyrannie de la bien-pensance que tu es) : il reconnaît même, vois si le gars est ouvert de l’âme, qu’il y a des "adolescents issus de l’immigration, hissés part l’école et par leur exceptionnel mérite", qui "atteignent des sommets universitaires".

(Si toi faire gros effort, sage petit négrillon ?

Moi donner toi médaille - et toi pouvoir dire à pays lointains et chauds combien toi méritant.)

Mais Claude Imbert observe surtout que : "Les autres, (…) les "je ne suis pas fier d’être français", instillent dans la nation les poisons de l’échec".

(Répète après moi : "Les "je ne suis pas fier d’être français""…)

Les ingrats petits salauds, empoisonneurs du contentement national, sur qui un beau matin Claude Imbert déverse des tombereaux de vilenies - et qui ne sont même pas fiers d’être du même pays que lui…

Agade, C’Est Beau, C’Est Chaud, C’Est Assorti A Ta Cravate Ceci N’Est Pas Un (Gros) Pipeau

Notes

[1] Je me permets quand même de rappeler à Claude Imbert que les collèges et lycées "n’enseignent" pas (de même qu’une voiture ne conduit pas, et qu’un avion ne pilote pas) : ils accueillent des profs qui, eux, dispensent un enseignement. Ca serait quand même bien que les contempteurs du haut "mal" pédagogique soient moins réprochables, dans l’usage qu’ils font du français.

[2] Péjoratif !