Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
MONDE / AFRIQUE / Chronique du Gomboland

Chantal, à Biya et à manger

vendredi 12 janvier 2007 par Moussa Ka
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Les hommes ont les femmes qu’ils méritent. Le président du Cameroun Paul Biya n’échappe pas à la règle

C’est à ce genre de manifestation que l’on reconnaît la nature d’un régime. La pauvreté et le dénuement, qui frappent des millions de Camerounais, ont réuni sur l’esplanade de l’Hôtel de Ville de Yaoundé plusieurs centaines de jeunes et quelques responsables associatifs. Il fait chaud, en ce mardi matin 9 janvier. Un imposant bataillon militaro-policier patrouille, l’œil suspicieusement braqué sur les passants anonymes. Et une armada de reporters, caméra au poing, sont déjà sur les lieux.

Chantal Biya en joie

Mutinerie d’étudiants en colère ? Manifestation de l’opposition camerounaise ? Non : cérémonie en hommage à Chantal Biya, dont la Fondation « caritative » organise, nouvel an oblige, une « remise de dons » à quelques orphelins de Yaoundé. Telle est la magie du système Biya : pendant que le chef étouffe ses compatriotes dans la misère, sa femme prospère, à tous les sens du terme, en jouant les dames au grand cœur. Les banderoles qui embellissent la capitale donnent un aperçu du tour de passe-passe : « Maman Chantal Biya, un précieux atout pour la Cameroun », «  Fondation Chantal Biya, véritable état-major de la lutte contre les souffrances », etc.

Cuisant à petit feu sous les chapiteaux colorés, les 600 orphelins endimanchés attendent gentiment l’arrivée des caciques du pouvoir. On installe, tel un décor de cinéma, d’ostentatoires sacs en toile de jute : du riz, du sucre, des haricots… Les orphelins ont été « sélectionnés » pour leur extrême indigence, nous informe fièrement un gorille en tenu d’apparat, casque colonial sur le crâne. Les premières limousines blindées arrivent enfin. Les flash crépitent, clic, clac, pour immortaliser les costumes élégants des ministres aux lunettes noires et les grotesques toilettes des richissimes dames du Cercle des Amies du Cameroun et de Synergies Africaines, filiales de la très opaque Fondation Chantal Biya (cf. Biya sonne le Ndong), qui défilent en musique dans des effluves de parfums hors de prix. Ambiance de festival de Cannes, à Yaoundé.

Quelques curieux contemplent le spectacle à distance, accoudés aux barrières. « Rien qu’avec le sac de celle-là, on pourrait nourrir la moitié de la ville ! », s’exclame Jean-Pierre, chômeur à temps partiel, venu tuer le temps en écoutant les blagues vaseuses d’« Edoudoua Non Glacé », acteur de la chaîne privée Canal 2 réquisitionné par les services de propagande de la Première Dame. C’est un SMS qui a prévenu Jean-Pierre des festivités. Son opérateur téléphonique, l’omniprésente multinationale sud-africaine MTN, a signé un partenariat avec l’incontournable Fondation Chantal Biya [1] …

Puis viennent les interminables discours des apparatchiks qui brandissent, puisque c’est le sujet du jour, l’indigence et la misère de leurs administrés comme des trophées. De quoi justifier les hommages brejnéviens qu’ils déversent sur la femme de celui qui les a nommés… et sur les « nos précieux partenaires financiers internationaux », dûment représentés en tribune officielle, qui aident généreusement la « dame de cœur » dans ses œuvres de charité. Pour réveiller les vieux qui somnolent et tirer les larmes aux journalistes qui rigolent (sous cape), on invite au micro une pauvre orpheline qui s’embourbe dans le jargon mielleux que quelque technocrate lui a mitonné.

« Et elle vient quand, Chantal ? » Impatient d’en finir, on demande à Jean-Pierre. « Chantal Biya ? Mais elle ne vient pas ! Elle reste gaillardement assise chez elle… en attendant qu’on lui apporte le reportage ! » De la magie, qu’on vous dit.

[1] À noter aussi la présence d’une blonde représentante du PMU du Cameroun (PMUC). Omniprésente elle aussi, la pasquaïenne entreprise entretient de longue date de très cordiales relations avec Madame la Présidente (cf : Le Silence de la forêt, Réseaux, mafias et filière du bois au Cameroun, Dossiers noirs, n°14, L’Harmattan, pp 1-19)

Voir en ligne : in Bakchich # 17

AFFICHER LES
4 MESSAGES

Forum

  • Chantal, à Biya et à manger
    le vendredi 19 mars 2010 à 05:01, kel a dit :
    Franchement, je ne sais pas trop ce que vous attendez de cette femme. On rappelle pour la petite histoire a tous ceux qui l’ignorent qu’avant le deces de la premiere "Premiere Dame" du Cameroun, Jeanne-Irenne Biya, Chantal Vigouroux faisait le poteau et dans sait le strip-tease dans des boites mal famees de la capitale. Par une incroyable grace divine, le president qui n’a vraiment jamais brille de ses moeurs l’a rencontre et voila… Tant il est vrai qu’il ne fallait pas attendre de la defunte Anna Nicole Smith, le meme comportement que celui de Lady Di, tant il est vrai que c’est trop demander a cette femme d’avoir un comportement ne fusse qu’a 10000% proche de celui de l’ancienne. En Afrique, la tradition de faire des "cadeaux" en grande pompe pour que mme les defunts sous terre le sachent a toujours existe, en la defunte premiere dame s’y pliait, mais beaucoup de ses actions restaient inconnues du grand public. Cependant, celle la etait intellectuelle, tandis que celle-ci……… Un proverbe africain dit d’un tronc de bois plonge dans une riviere qu’il ne deviendra jamais poisson, plus besoin de commantaire je suppose. Tous les dirigants africains, c’est une sainte tradition, se remplissent les poches. Rien de nouveau sous les tropiques, mais les epouses de ces derniers avec un minimum de cerveau comprennent qu’il ne faille quand meme pas l’exposer a ce point. Le seul bagage de Chantal Biya est ce qu’elle a sur le crane a savoir les coiffures montrueuses qui la transforme elle et tout le reste du pays en clowns. Ne lui demende pas plus ! Si l’un de vous parvient a trouverle clip du chanteur camerounais Ekambi Brillant la chanson est "Sena" je crois, faites le stop cadre sur la fille qui danse le striptease. Le reste je crois ne necessitera plus de commentaires. Elle a besoin de s’affirmer et pour ca tous les moyens sont bons, meme les plus ridicules et au diable les sentiments des autres. Sa vie a elle, elle l’a reussie…..
  • Chantal, à Biya et à manger
    le samedi 26 mai 2007 à 15:40, eddy a dit :

    Triste réalité que vous décrivez là et je vous en remercie car elle correspond au Cameroun que je connais. D’un côté il y a l’irresponsabilité et l’inefficacité d’un chef d’état et de l’autre la "générosité" un peu trop expressive de la première dame.

    Et surtout pas de questions qui fâchent : Pourquoi en est-on arrivé là ? Comment finance-t-elle son association ? Pourquoi ne pas se focaliser sur les dysfonctionnements des systèmes de santé et d’aide sociale, afin de les améliorer, et qu’au final ces "orphelins" soient assistés par des structures officielles et non par le bon vouloir d’associations.

  • Chantal, à Biya et à manger
    le jeudi 10 mai 2007 à 00:59, Peron a dit :
    Quel est le rôle de la ministre des affaires sociales au Cameroun ? De qui se moquent - ont ? On entend de partout dans le monde le nombre d’enfants mourant de malnutrition et de maladies facilement curables comme le paludisme ou la rougeole. Je veux dire à Mme Chantal Biya d’arrêter de jouer à La dame au grand coeur avec ses petites associations d’aide caricatives. Le Cameroun a besoin d’un bon système sosial, où les enfants auront accès aux soins médicaux gratuits et à l’éducation gratuite ; où les femmes enceintes et surtout les mammans seules pourront recevoir de l’aide. Faites quelque chose pour vos compatriotes ; c’est grace à eux que vous êtes là.
    • Chantal, à Biya et à manger
      le mardi 19 mai 2009 à 15:14
      Je n’ai rien contre cette personne qui je crois a ses souffrances aussi. Je veux dire que ça ne sert à rien de désahiller Paul pour habiller Pierre cette femme prend l’argent dans les sociétés de l’Etat pour faire les maisons de soins et autres mais ses sociétés quand elles tombent que deviennent les parents qui y travaillent ? et les familles qui vivaient au dépens de ces parents ? Il faut que les africains réfléchissent à comment sortir leurs pays de la précarité des générations passent mais les choses sont toujours faites pareil et parfois pire.
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte