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Chansonnette à 4 voix pour ridiculiser le dossier

Carte postale du fond de la salle (XV) / jeudi 22 octobre 2009 par Anne Steiger
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Palais de Justice de Paris, le 21 octobre 2009, quinzième jour d’audience du procès Clearstream. La défense de Villepin passe à l’attaque. Et sollicite la relaxe.

Lundi, une voix, celle de maître Herzog a, disons, « méthodiquement », représenté les intérêts de Nicolas Sarkozy. Mardi, un parquet à deux voix requérait dix-huit mois de prison avec sursis contre Dominique de Villepin, sur le chef de « complicité par abstention volontaire ».

Ce mercredi, ce sont quatre voix qui se sont relayées pendant six heures pour demander la relaxe de l’ex-premier ministre. Ceux-là auront chanté en canon l’extrême fragilité des charges du dossier. Un message à tel point martelé que l’homme le plus (faussement ?) assoupi de l’assemblée, maître Herzog, n’a pu passer à côté.

Coupable d’être passif

Le but du quatuor était de ridiculiser l’accusation. Avec, comme refrain, un « Tout ça pour ça ». « Tout ça », c’est deux juges, quatre années d’instruction, l’un des meilleurs avocats de la place de Paris, Me Herzog, secondé par Patrick Ouart, le conseiller Justice de l’Elysée. « Pour ça », c’est-à-dire rien ou pas grand-chose, selon eux.

D’abord, on « ne peut être coupable d’avoir été passif ». Coupable de ne rien faire, dans ce cas précis, ce n’est pas possible. Juridiquement selon eux, cela ne tient pas. « Rien dans la jurisprudence, pas le moindre élément pour prouver qu’il existe en France un délit d’abstention ».

Outre la non-dénonciation de crime, la non-assistance à personne en danger ou le manquement à une obligation propre à certaines professions, « jamais on a condamné quelqu’un pour avoir sciemment omis de faire quelque chose ».

Et puis, d’autres savaient et n’ont pas davantage dénoncé : Michèle Alliot-Marie alors ministre de la Défense, son directeur de cabinet Philippe Marland, le général Rondot qui en savait bien plus encore, la DST et même Bercy… « Or qui est alors ministre de l’Economie ?, demande Me Metzner. Nicolas Sarkozy. Et pourtant, il ne dit rien jusqu’en 2006. Or c’était le seul à vraiment savoir qu’il n’avait pas de compte à l’étranger ! » Alliot-Marie, Marland, Rondot, Sarkozy, tous se sont abstenus : « Eux ne sont pas poursuivis et c’est normal car il n’y a pas d’infraction pénale qui leur soit reprochable ».

Rondot a des raisons de mentir

A entendre ce quatuor, l’ordonnance de renvoi est « tellement fragile » que l’on a inventé une complicité par abstention. Rien dans le dossier selon eux contre de Villepin. Et de démonter un à un les éléments à charge. Non, Villepin n’a pas fait libérer Lahoud lors de sa garde-à-vue du 25 mars : « Lahoud n’a pas besoin de Villepin pour le protéger, il a déjà les services secrets. Et si l’ex-premier ministre était intervenu, cela n’aurait servi à rien puisque Rondot ne le fait pas libérer. Quel pouvoir que celui de M. de Villepin ! Ce doit être cela la complicité par abstention ».

Non, il n’y a pas eu, non plus, de rendez-vous secrets, place Beauvau, entre Villepin et Gergorin courant 2004 : « Vingt-cinq officiers assermentés disent le contraire », rappelle Me d’Antin. « C’est la place la plus surveillée du territoire français !, lance Metzner. On ne va pas la choisir pour y tenir des rendez-vous secrets ». Enfin, non, les notes du général Rondot ne disent pas toute la vérité. Rondot « a des raisons de mentir », selon Me Luc Brossolet : « Pour protéger le ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, qui a su très tôt que le nom de Nicolas Sarkozy figurait sur les listings et n’a rien dit ; pour dissimuler la vacuité de ses diligences. Car en réalité il n’enquête pratiquement pas sur Clearstream : ce qui compte, pour lui, c’est son fantasme, arrêter Ben Laden, grâce à Imad Lahoud, qu’il protège ».

Alors oui, décharger Villepin, c’est peut-être du coup charger les autres. Mais inutile pour cela de chercher bien loin. Me Luc Brossolet rappelle que sept mois avant que de Villepin n’apparaisse dans l’affaire en janvier 2004, « Imad Lahoud remettait déjà de faux listings à la DGSE ». En clair, Super Escroc n’a besoin de personne pour ses petites affaires. Ni de Gergorin, ni de Villepin.

Rien ne tient

Ce « rien dans le dossier », les avocats de Villepin le développent jusqu’à l’absurde. Tout est démonté, y compris la pièce maîtresse du délit : les faux listings. Goguenard, Me Metzner demande : « A-t-on la preuve que ces listes sont juridiquement des faux ? Je ne vois pas de signature, pas d’entête Clearstream, pas de date, aucun critère de la jurisprudence pour indiquer qu’il s’agit de faux. Imagine-t-on M. Stéphane Bocsa (NDLR : l’un des pseudonyme désignant Nicolas Sarkozy) se présenter à la banque Clearstream avec ces documents et dire : “Tiens, il paraît que j’ai de l’argent ici, vous ne voulez pas me le donner ?” » Façon pour la défense d’insinuer que rien ne tient dans ce procès. Me Metzner, presque moqueur : « Si c’est tout ce qu’on a trouvé à l’Elysée ».

Rien dans le dossier et pourtant, gros procès. Voilà qui n’est pas habituel. C’est un autre couplet en réponse au parquet pour qui, circulez, rien d’exceptionnel, les prévenus et les parties civiles sont « comme les autres ». Ordinaire, vraiment ? « Ce n’est pas tous les jours que le président de la république vient dire qu’il faut pendre les prévenus à un croc de boucher », remarque Metzner.

Ce n’est pas dans tous les procès que « le Procureur prend la parole à la radio pour dire que le prévenu est coupable ». Ce n’est pas fréquent de voir « deux juges monopolisés pendant quatre années d’instruction pour échafauder un semblant de vérité ». Ce ne sont pas « toutes les parties civiles de France qui bénéficient de l’aide du Secrétaire général de l’Elysée et de l’aide du conseiller justice de l’Elysée » pour se préparer au grand jour. Et c’est loin d’être banal que de se « cacher derrière son immunité de Président et de se porter soi-même partie civile lorsqu’on se sent attaqué ». Et de conclure, ironique : « En comparution immédiate, à la 23e chambre, on voit ça tous les jours, un ex-premier ministre et un président de la République ».

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4 MESSAGES

Forum

  • suite de l’article ……Croc de boucher : si Angela Merkel daubait sur le camp de concentration du Struthof….
    le vendredi 23 octobre 2009 à 19:25, Emmanuel Gilquin a dit :

    Le jeune comte Matthias von Kielmansegg écrirait les projets de discours de la Bundeskanzlerin Angela Merkel.

    Il doit apprécier notre "beliebter Praesident" (Cher président) et ses "crocs de boucher".

    Pr Emmanuel Gilquin.

  • Croc de boucher : si Angela Merkel se permettait de dauber sur le camp de concentration du Struthof….
    le vendredi 23 octobre 2009 à 02:40, Emmanuel Gilquin a dit :

    Si Angela Merkel se permettait de dauber sur le camp de concentration du Struthof, que penserait la France ?

    Monsieur le Président Sarkozy, il est encore temps de présenter vos excuses aux familles des officiers qui ramassé dans la boue nazie l’honneur de l’Allemagne.

    Plusieurs centaines ont été cruellement pendues à des crocs de boucher, sauf Rommel, "suicidé", et le rusé ami du comte Von Stauffenberg, J.A. " Hanno" von Kielmansegg, moderne Ulysse,et futur commandant en chef de l’OTAN.

    Adversaire direct, à la tête de ses Panzer, en mai 1940, du Colonel Charles de Gaulle, il fut nommé par ce dernier à la Croix de Commandeur de la Légion d’Honneur, en 1966.

    C’était une autre époque…

    Et puisque nos élites ne parlent plus que globish, et, (sauf Madame Christine Lagarde), avec un accent qui suscite l’hilarité dans le monde entier, je vous renvoie au Guardian du 7 juin 2006, mots clés : obituary, Kielmansegg, "The german general who served his country from the Weimar republic to NATO".

    Respectueuses salutations.

    Pr Emmanuel Gilquin.

    A la mémoire de mon père, l’historien Elie Gilquin, et de son camarade, J.A. von Kielmansegg.

    Ich hat einen Kameraden….

  • Chansonnette à 4 voix pour ridiculiser le dossier
    le jeudi 22 octobre 2009 à 17:52, la castafiote a dit :

    Il y a eu bonnet le jour cagoule la nuit et maintenant blanc bonnet et bonnet blaanc car comme le dit l’autre il ne sont pas blanc bleu

    vive les rouges

  • Chansonnette à 4 voix pour ridiculiser le dossier
    le jeudi 22 octobre 2009 à 12:03, Jacques a dit :
    Excellent article, bravo ! Il résume parfaitement cette brillante plaidoirie. Me Herzog a du se sentir bien seul. Pendant qu’il affectait de dormir, il a sans doute eu le temps de réfléchir à sa piètre prestation.
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