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Champagne pour la droite !

mardi 18 novembre 2008 par Séverin Buzinet
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On n’a vraiment pas envie de rigoler, ni de jeter des cailloux sur l’ambulance. Ce congrès du PS n’est pas seulement désolant pour le PS, il est catastrophique pour tous ceux qui, dans ce pays, ne tiennent pas absolument à devenir sarkozistes par défaut, et cela, pour dix ans. Moi, que voulez-vous, je n’arrive pas à me résoudre à ne voir dans la gauche socialiste que ce « grand cadavre à la renverse », comme dirait l’autre.

Il faut absolument, dans ce pays, une force politique à gauche qui rende possible une alternance. La démocratie française, depuis la mort de De Gaulle, c’est ça qui la fait marcher, cette certitude que si Machin est nul, Chose peut le remplacer et faire une autre politique. Et cela même si, au désespoir des constitutionalistes, le parcours est jalonné de cohabitations : l’expérience prouve qu’entre le Président et son matignonesque opposant, la dialectique n’est pas forcément mauvaise. Enlevez ce recours, eh bien, pour parler familièrement, c’est la merde. Comme les majorités parlementaires sont des rouleaux compresseurs, l’opposition ne sert plus qu’à jouer du pipeau et à voter le Grenelle de l’Environnement ou peut-être, demain, une loi sophistique sur l’euthanasie des pitbulls. Sauf si, quand on lui tend un micro, elle est capable, en faisant de vraies propositions, de peser sur l’opinion, et donc de foutre un peu le souk.

Là, quel que soit le ténor de la Gauche qui parle, il est enroué dès qu’on lui demande l’heure. Bien sûr, au coup par coup, on peut lancer la petite phrase qui ne tue pas mais presque, en tout cas pendant un quart d’heure montre en main : ces gens sont des pros, ou sont bien conseillés, des fusées comme ça, ils en lancent depuis qu’ils ont gaulé leur premier mandat. Je ne veux viser personne en particulier, mais franchement , prenez Fabius, prenez Emmanuelli, avant même qu’ils parlent, on entend leur voix, on prévoit leurs mots, on sent venir leur style, la seule chose surprenante serait que l’un s’écrie : « Foutrecul ! » ou que l’autre se mette à chanter « I am a poor lonesome cow-boy ». Non, désolé, ces yaourts sont périmés, je ne les prends pas, madame la crémière, il y a le Sénat pour ça, la vieillesse politique est un naufrage politique, et nous, on n’est pas des bouées…

Dans le fond, on reproche à Ségolène de faire du café-concert : mais les autres jouent Ibsen, il ne manque plus que la neige, on est dans le lugubre. Et ça joue faux : Martine Aubry rappelant à la lutte des classes, c’est Annie Cordy reprenant Tata Yoyo, et pourtant, elle n’est pas vieille, la mairesse, c’est pire, elle a l’air d’avoir le compteur bloqué depuis dix ans au moins. Et donc, alors même que tout ce qu’elle dit n’est pas à jeter aux ch’tis chats, désolé, moi, si j’étais un jeune, vingt ans, de la générosité à revendre, des grandes attentes, des espoirs en stock, si j’étais ce citoyen en mal d’avenir, non, désolé, voter Martine Aubry, je le sens pas, je redoute le mou, l’appareil, les gros tuyaux de l’usine à gaz socialo-nordique, le bon coeur des scouts éclairé par une lampe de mineur en grève. Allez vous étonner que ces jeunots penchent, peut-être par défaut, pour Ségolène, bordélique mais remuante, ou pour Delanoë, idéologiquement soft, mais si branché ?

Le fond du problème, c’est que le PS est périmé en tant que parti. A un moment, il était un peu partout question de refondation. Au PC, ça n’a pas marché. Au PS, cela aurait pu marcher, si l’on ne s’était pas vautré dans la crise en connaissance de cause. Gramsci le disait, la crise, c’est quand le vieux n’arrive pas à mourir, et que le neuf n’arrive pas à naître. Telle est exactement la situation, et au PS, tout le monde la connaît, la citation de Gramsci. En voilà une autre, qui devrait les secouer : « Il faut avoir conscience de ses limites, surtout si l’on veut les élargir ».

En clair, on attend une réponse simple à une question simple : que feriez-vous si vous étiez au pouvoir, vous, les socialistes ? Cela suppose une définition claire et nette de ce que cela signifie, aujourd’hui, être socialiste. Interdit de se réfugier dans des références pompeuses aux « valeurs » et aux « libertés », car on ne vit ni dans une dictature, ni dans le nihilisme. Il n’est pas inutile, en revanche, de dire en quoi consisterait, concrètement, la justice sociale et une redistribution des richesses « à la socialo ». Ou encore, à partir de quel moment, aux yeux d’un socialiste, un citoyen est trop peu payé. Cette approche positive du socialisme aujourd’hui, je l’ai cherchée dans les motions du Congrès. Désolé, mais il y avait trop de bavardages stériles, j’ai dû louper les bonnes phrases, je n’ai rien trouvé. Ou si peu que, de toute évidence, les rédacteurs n’en faisaient pas l’essentiel de leur topo. En tout cas, s’ils avaient voulu mettre en avant cette affirmation forte d’une identité politique, je pense qu’ils s’y seraient pris autrement.

Et après ça, il faudrait arrêter la cacophonie. Communiquer, c’est d’abord avoir un message, un énoncé, et pas dix-sept opinions. Soigner l’emballage, oui, il le faut, le style a son importance, les « râles » monocordes de Ségolène, sans parler de ses embardées programmatiques, son parler-faux, ses rigidités grinçantes lui ont coûté plus de voix que le départ de Besson, et si ça ne vient pas tout seul, il faut se forcer, par égards pour le citoyen, le style, ce n’est pas seulement une mise en pli à la turbulente et une robette de ouf.

La politique, dit-on, c’est l’art de demander aux autres des efforts. C’est en commençant par s’en imposer que le PS peut sauver ce qu’il y a d’important à sauver en lui : l’idée que l’avenir n’est pas écrit, et que, sans changer la vie, on peut tout de même la rendre plus vivable pour des millions de paumés. Il est bien clair qu’à Reims, de ce point de vue, rien n’aura avancé. Moi, je serais Sarko, je sablerais le champagne…


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2 MESSAGES

Forum

  • Champagne pour la droite !
    le mardi 18 novembre 2008 à 13:34, Armellita a dit :

    "Le fond du problème, c’est que le PS est périmé en tant que parti."

    Vous oubliez Jack Lang :

    • Champagne pour la droite !
      le mardi 18 novembre 2008 à 16:46, Mike a dit :

      Les éléphants ont eu peur des souris.

      Alors, Chabichou ou Maroilles ?

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