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Catenaire de Rien

Quand l’anarchie a le dos large

12 novembre 2008 à 19h39
Le spectacle, sur le écran télé, de l’arrestation, en France, des plus incroyables des terroristes est, à chaque passage un moment dont on ne ses lasse pas. A quand le film ?

Écouter les radios, regarder la télé et lire les journaux quand ils « s’intéressent » à l’affaire des « terroristes » « ultra autonomes » qui s’en seraient pris à la SNCF, ça me donne subitement envie d’acheter du chlorate, du sucre en poudre et un détonateur. Des gens sont placés en garde à vue dans une enquête soumise au secret de l’instruction et voilà que ces anars n’ont subitement besoin d’aucune laine polaire : les médias et leurs experts habillent déjà ces présumés innocents pour l’hiver.

Au pire, et rien n’est sûr, que reproche-t-on à ces épouvantables garçons ? D’avoir mis un bout de ferraille sur des caténaires de la SNCF. Bon. Ça mérite une fessée. Pour avoir été bloqué sur les rails par des éleveurs en colère, je sais de quoi je parle. Mais un acte "d’incivilité " mérite-t-il et les journaux de télé, et la Cour spéciale de « Justice ». Si oui, il faut mettre une bonne partie de la Corse en taule, celle qui fait sauter les centres de sécu ou des impôts. Mettre en taule aussi les gentils marins qui ont brûlé le Parlement de Bretagne et aussi les très merveilleux agriculteurs qui ont cramé un immeuble des cotisations sociales dans le Midi et bien d’autre choses encore.

Après les images que le public vient de se prendre dans les yeux, celles des télés, allez poser la question à votre voisin sur la culpabilité de ces anars qui sont, je le répète, présumés innocents ? Vous allez rire du résultat. On na vous les caser quelque part entre Ben Laden et le mollah Omar. Hélicoptères dans le ciel, flics en cagoules, gros fusils, portes défoncées, limousines opaques : on vit un feuilleton sans générique. La police et son auxiliaire, la justice (alors que le droit voudrait l’inverse) nous met en scène le spectacle. Ça tombe bien car derrière, dans le fil du journal télévisé le hasard fait bien les choses, on annonce un film sur la Bande à Bader puis on passe une pub du genre « SOS Attentats » où une dame à la jambe coupée demande des sous. Si après cela, comme le disait le regretté Roger Gicquel « la France n’a pas peur » c’est que la France a des couilles ! Pourtant, un petit reproche, en tant que vieux critique de cinéma, je trouve que le producteur en fait trop.

Quand tous ces jeunes, mis en prison pour trop avoir lu Bakounine, et ils vont rencontrer en cellules des durs de l’ETA, vont ressortir de taule, alors vous aurez de vrais feux d’artifice. Et Yves Calvi, faux naïf et vrai porte parole de l’ordre et des pouvoirs, pourra alors faire de vraies émissions avec de vrais cadavres. Tout le monde sera bien content. Et là ce ne sera plus un hélicoptère qu’il faudra mettre à l’antenne mais des porte-avions, la bombe H. Que sais-je ?

Heureusement que Brugière n’est plus juge. Imaginez que, par le truchement d’une radio de flic qui marche mal, le bon magistrat ait compris "il y a une histoire avec Hassen CF" au lieu de "il y a une histoire avec la SNCF" ? C’était parti le GIA, al Qaida et toute la panoplie. D’ailleurs il serait temps que les flics arrêtent un arabe dans cette histoire de caténaire. Autrement on ne va pas les prendre au sérieux. A si, dans la bande il y a un garçon, bourgeois français de souche, qui se fait appeler Farid. Ouf.

PS Où en est le dossier de ce voyageur qui a bloqué les TGV pendant quatre heures parce que, voulant récupérer son portable tombé dans la cuvette des toilettes, il s’est coincé le bras ? Que fait la Section anti terroristes. Bordel !

Avec Obama la Palestine est mal barrée Scoop : les Anars et la SNCF

4 Messages de forum

  • Catenaire vicié ?

    12 novembre 2008 22:04, par aslan

    Moi aussi je regrette Bruguière, Jacques-Marie, mais c’est comme ça, il à quitté la scéne, fidèle à lui-même, dans la dignité et l’humilité. Il faut s’y faire, il faut avancer. Laisse-le partir.

    Courage.

  • Catenaire de Rien

    13 novembre 2008 09:08, par Asédef

    Une fois passé l’agacement d’être pris pour des imbéciles par ces manipulations médiatiques, il est profitable d’essayer de faire un inventaire des éléments qui ont conduit à cette mise en avant d’un non-évènement.

    - Malgré les échecs (qui se comptent en nombre de voyageurs morts) des réseaux ferroviaires européens, la SNCF, poursuit sa marche vers le démantèlement du service public. La désignation de causes externes à l’entreprise pour justifier les dysfonctionnements croissants (tarifs, horaires, information des clients… etc) peut-être envisagée.

    - La pression exercée par les syndicats, face à la dégradation du service, encourage les politiciens à suscité l’idée d’un débordement possible des syndicats par des "éléments" incontrôlés.

    - La montée des idées altermondialistes, les mobilisations, contre les "réformes", le fichier Edvige, le projet de constitution européenne, entravent de plus en plus la mise en place des politiques néolibérales. L’assimilation de cette révolte hors cadres autorisés (en dehors des "motions" du PS) au terrorisme, permet l’économie d’un débat démocratique et justifie, par anticipation, une action illégale au motif d’une la lutte anti-terroriste.

    - L’échec du président Sarkozy dans sa tentative d’entrainer les BRIC, dans un nouvel ordre capitaliste, ainsi que le camouflet donné par le Sénat sur la loi SRU (qui vise à mettre en place les prêts hypothécaires en France conformément aux programme du cansidat Sarkozy) réclament un discours écran, comme toujours basé sur le sentiment d’insécurité vis à vis de son opinion publique.

    A chacun d’ajouter à cette liste ses propres observations.

  • Catenaire de Rien

    13 novembre 2008 11:30
    Pour votre info, un article paru dans la Tribune de Genève qui dit tout autre chose que ce qu’on a entendu ces jours : http://www.tdg.ch/geneve/actu/pris-saboteurs-tgv-genevois-raconte-2008-11-12 Bonne journée
    • Catenaire de Rien 13 novembre 2008 17:54, par Gracchus

      XAVIER LAFARGUE | 13.11.2008 | 00:00

      « C’est un mauvais film ! » Au téléphone, Paul Kohler. Cet ancien secrétaire de la Fédération genevoise d’échecs, âgé de 38 ans, est parti s’établir dans un village paumé au milieu de la France, Tarnac, en Corèze. Il y a ouvert une petite épicerie. Qui a été perquisitionnée avec fracas, mardi matin à l’aube, par les hommes de la Brigade antiterroriste française. Une descente musclée qui fait suite aux multiples actes de sabotage ayant touché le réseau TGV français, entre le 26 octobre et le 8 novembre (lire la « Tribune » d’hier). Pris pour l’un des « saboteurs », Paul raconte.

      « Les policiers nous ont réveillés sans ménagement, à 6 h du matin. Ils cherchaient des personnes impliquées dans les actes de sabotage visant la SNCF. Je dormais ici, dans l’épicerie, dont je suis l’un des cogérants. On fait aussi bar, tabac et station-service. La police est restée jusque dans l’après-midi. Je n’ai pu rouvrir qu’à 15 h 30. »

      Des documents ont-ils été saisis, des personnes interpellées ? Hier soir, Paul ne souhaitait pas s’étendre sur ce sujet. En revanche, à aucun moment lui-même n’a été inquiété. Ni placé en garde à vue, comme le laissaient entendre certains journaux. « Là, je tombe des nues, lance-t-il. J’ai seulement dû décliner mon identité. Je n’ai pas du tout été interpellé ! J’ajoute qu’aujourd’hui, j’ai fait ma tournée dans les patelins avoisinants, car l’épicerie est ambulante, et j’ai plutôt eu des encouragements et du soutien partout où je me suis arrêté. »

      Biennois d’origine, Paul a pendant bien des années élu domicile à Genève. Il était connu dans le petit monde des échecs. Il a été secrétaire de la Fédération genevoise pendant deux ans, jusqu’en 2006. « Un bon joueur de club, 1800 à 1900 points au classement ELO », confirme Philippe Martin, l’actuel président de la fédération, qui l’a côtoyé durant ces années. « Mais je ne peux pas croire qu’il a pu participer à des actes de sabotage sur les lignes TGV ! Non, Paul était sans aucun doute en marge de la société, il habitait dans un squat, je crois. Il avait des idées bien à gauche, mais quand même ! Il avait d’ailleurs monté un club d’échecs dans un squat. Là, il était très positif, constructif socialement. »

      Une épicerie appréciée

      C’est sans doute pour vivre un peu différemment que Paul est parti à Tarnac, petit village de 350 âmes. Et qui se félicite d’avoir, aujourd’hui, une épicerie-bar-tabac, vantée par les habitants. D’autant plus chaleureusement depuis les événements de mardi. « Mais songez qu’à la fin des années 60, il y avait encore une bonne dizaine de bars à Tarnac, souligne Paul. C’est un village qu’on a vidé de ses habitants… » Mais qui a été bien secoué, mardi matin ! D’autres perquisitions ont également eu lieu à Paris, Rouen et dans la Meuse. Une dizaine de personnes ont été placées en garde à vue, dont une femme née en Suisse. Il semble néanmoins que le chef présumé de ce groupuscule ­défini comme « anarcho-autonome » était établi à Tarnac.

      Hier soir, cependant, selon les agences, une source judiciaire confiait que les enquêteurs ne disposaient d’aucune preuve formelle de l’implication de ces dix personnes dans les actes de sabotage ayant visé le réseau de la SNCF.