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Boum, quand le Maghreb fait boum

vendredi 13 avril 2007 par Uriel Da Costa
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Ce mardi 12 avril, cinq explosions au Maghreb : trois au Maroc, deux en Algérie. Les kamikazes faisaient-ils partie d’Al Qaïda, qui aurait ainsi investi la région ? Au-delà des dissemblances entre les drames des deux pays, cette conclusion semble un peu rapide…

Conformément à la doxa dominante, le bon juge Bruguière - recyclé en candidat UMP pour les prochaines législatives - nous ressert l’épouvantail de la délocalisation d’Al-Qaïda au Maghreb ; délocalisation qui menacerait directement la France. Et Le Monde ou plutôt ce qu’il en reste, nous assène la même soupe sur deux colonnes à la une : « Al-Qaïda démontre son implantation dans les pays du Maghreb » (vendredi 13 avril 2007).

Cortège funèbre - JPG - 14.3 ko
Cortège funèbre
© Khalid

« À force de répéter que le Maghreb, voire le Sahel sont en passe de se transformer en « nouveaux sanctuaires » d’Al-Qaïda, ne prend-on pas l’effet pour la cause et ne risque-t-on pas de fabriquer de toutes pièces – comme on l’a fait en Irak – des Al-Qaïda de circonstance », se demande l’un des responsables des services de renseignement français… A y regarder de plus près, pour ce qui concerne les kamikazes de Casablanca, on est clairement dans le cas d’une « opération défensive » où des jihadistes, semble-t-il, brusquement privés de commandement, sont livrés à eux-mêmes et se font sauter pour éviter d’être pris vivants par les forces spéciales marocaines.

La scène algéroise est bien différente et nous place dans le cadre d’une « opération offensive », résolument offensive. Celle-ci ne prend pas pour cible une ambassade ou un centre culturel étrangers mais le siège du pouvoir algérien, en l’occurrence le palais du gouvernement et une banlieue populeuse sur la route de l’aéroport – Bab Ezzouar – où l’on est assuré de tuer beaucoup de civils algériens comme si l’on cherchait à démontrer l’incapacité, sinon l’incurie des forces de sécurité algériennes. Nous sommes – ici – manifestement face à la formulation d’un message fort, destiné à la classe politique et aux appareils sécuritaires algéro-algériens.

Enfin, ces attentats interviennent alors que l’armée algérienne mène, depuis une vingtaine de jours, une vaste opération de ratissage anti-GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) dans la région de Béjaïa, en Kabylie, à l’Est de la capitale. Par conséquent, il s’agit bien d’interroger ce message algéro-algérien des kamikazes algérois afin de remonter aux vraies causes endogènes, locales et politiques des attentats d’Alger plutôt que de repartir dans un grand fantasme d’un pilier maghrébin d’une Al-Qaïda, grand Mamamouchi d’une menace terroriste planétaire qui serait – en coulisses – derrière chaque explosion se produisant dans le monde…

Comment lire ce message algéro-algérien ? Les poseurs de bombe sont toujours des poseurs de questions. Osons trois constats. Le premier : chaque fois que le président Abdelaziz Bouteflika a voulu mettre en œuvre, sinon finaliser sa politique de « concorde nationale » et de réconciliation, nous avons assisté à une reprise des attentats. Très clairement, cette politique de réconciliation nationale est rejetée, tant par certains islamistes que par certains grands acteurs sécuritaires. Deuxièmement, les questions sur le silence et la santé du président algérien comme sur ceux de son fidèle et tout puissant ministre de l’intérieur Zerouni ouvrent des perspectives d’une succession politique prochaine qui est loin d’être réglée. Enfin, dernier facteur : après le départ à la retraite des grands acteurs sécuritaires comme les généraux Nezzar, Lamarie et Touati, se pose – là-aussi – un vrai dilemme de succession. C’est aussi le cas pour la maîtrise des principaux services de renseignement, eux aussi toujours très entreprenants, dans cette reconfiguration à venir du pouvoir algérien. Par conséquent, chacun des acteurs doit redéfinir, clairement et résolument son territoire et ses capacités de pouvoir sinon de nuisance.

Cela ne veut pas forcément dire, comme une certaine presse bobo l’a beaucoup dit durant les années 90 avec son fameux « Qui tue qui ? » que les services de sécurité seraient peu ou prou impliqués dans l’exécution et la résurgence récurrente de la violence terroriste… Cela consiste plutôt à redéfinir qui et comment contrôle, gère voire tente de combattre cette même violence.

Autant de facteurs qui relativisent les postures incantatoires de notre juge anti-terroriste national et la sauce américano-israélienne d’une Al-Qaïda planétaire, délocalisée au Maghreb et dans le Sahel. Sur ce point, écoutons – pour une fois – les autorités marocaines qui communiquent – pour une fois – très justement lorsqu’elles affirment qu’il n’y a pas de continuum opérationnel entre les kamikazes de Casablanca et ceux d’Alger… et que par conséquent, il n’est pas juste de prendre pour argent comptant la revendication télévisée d’une Al-Qaïda maghrébine largement fantasmatique.

Bien-sûr, le GSPC a fait allégeance – sur Internet – à Ayman Al-Zawaahiri, le lieutenant égyptien d’Oussama Ben Laden. Mais évitons de confondre Internet et le réel. Ce constat ne signifie pas pour autant que les jihadistes marocains, algériens voire tunisiens, sinon d’une manière plus large encore sahéliens ne partagent rien. Les facteurs communs aux jihadistes du bassin méditerranéen et du Sahel sont de trois ordres : 1) Ils partagent un recours commun aux nouvelles technologies (Internet, la vidéo et des messages envoyés aux nouvelles chaînes satellitaires arabes) ;

2) ils partagent des modus operandi de financement communs (autofinancements locaux et financements externes provenant, de nouveau, des grandes banques et ONG saoudiennes)

3) enfin, ils partagent, parfois, des activistes tunisiens, marocains et algériens qui rentrent d’Irak – d’où le recours à des méthodes communes de kamikazes au volant de voitures piégées ;

Mais en aucun cas ces similitudes analogiques ne permettent d’affirmer l’existence d’une Al-Qaïda maghrébine comme d’une structure opérationnelle unique et pyramidale qui répondrait aux ordres d’Ayman Al-Zawaahiri ou d’autres porte-paroles de Ben Laden.

Voir en ligne : in Bakchich # 30

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12 MESSAGES
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  • Besson perd son procès contre Bakchich
    le samedi 29 mai 2010 à 17:17, Dany a dit :
    Quand la vérité triomphe !… Bravo bakchich qui change des médias habituels aux moins d’une poignée de ploutocrates prêts à brader la France pour avoir plus de bénéfices ou acheter la paix sociale.
  • Boum, quand le Maghreb fait boum
    le jeudi 19 avril 2007 à 15:29

    Absolument pas d’accord avec cette naïve et complaisantes conclusions même si j’en comprend le mobil économique (Les recettes touristiques du Maroc et de la Tunisie qui ne sauraient s’en passer). Evidement qu’Al kaida est bien présent sur le net et pas virtuellement puisque c’est là son siège et de commandement et de communication largement reconnut depuis plus dix ans déjà. Oui les salafistes sont des fous de Dieu en "Combat contre les croisés" et pas contre les oppresseurs locaux qu’une simple bombe effacera lorsqu’ils seront vraiment devenus les cibles. Oui, les événements du Maghreb sont une évidente démonstration de leur coordination et non de leur désorganisation.

    Cet article est la pour leurrer le touriste a la veille des congés d’été, c’est tout simplement de la manipulation démagogique, la réalité de cet été sera forcement sanglante au Maghreb cela personne n’en doute.

    La question qui se pose c’est juste celle de la date du début du crash immobilier que tous attendent maintenant et les fermetures de banques locales qui vont en découler.

  • Boum, quand le Maghreb fait boum
    le mardi 17 avril 2007 à 09:41, AKLI-TIZI a dit :
    je n’est aucune sympathie pour alqaida. Mais touver a Alger 700 kg d’explosif pour un voyou drogue de baraki ??? c’est ne pas posible. boutef reste muet car il a bien compris qu’il a depasser la ligne ROUGE et que c’est un avertisement pour lui. Soit il se retracte soit l’Algerie sera mis a feu et a sang
  • Boum, quand le Maghreb fait boum
    le mardi 17 avril 2007 à 00:18, L’inconnue Didi a dit :
    Vous savez qu’en Algérie on ne croit pas beaucoup à la thèse d’Al Qaida ? Ici tout le monde parle de pauvreté, de désespoir, de manipulation de bandits avide d’amasser de l’argent sur le dos des citoyens. On parle beaucoup de ces ex-terroristes devenu "presque" riche par l’aide du gouvernement pour avoir déserter les "maquis", mot pour nous à assimiler aux haut combien respectés Moudjahidines. Dire que c’est Al Qaida, c’est un peu forcer la sauce. Ces kamikazes ne savent même pas lire le Coran, ne pratiquent même pas la prière -d’après les membres de leurs familles et les personnes qui les connaissent- donc qui n’ont pas d’idéologie islamiste. Voilà l’opinion de la majorité des Algériens.
  • Boum, quand le Maghreb fait boum
    le samedi 14 avril 2007 à 10:26, fo a dit :
    J’ai envie de croire en votre analyse et votre argumentaire mais dire que ce n’est pas AlKaida et rejeter cette hypothèse est un peu trop rapide aussi. Il est vrai qu’affirmer tout le temps que c’est Alkaida répond à une certaine vue de l’esprit mais affirmer le contraire l’est également. On ne peut pas balayer d’un revers de la main la subordination des islamistes Magrhèbins à Alkaida, chose publiquement et médiatiquement établie pour lui substituer une autre hypothèse qui a aussi son poids et qui relève à mes yeux plus de l’interpretation que de la preuve.
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