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Bouder Bongo ? Bingo !

jeudi 22 mars 2007 par Xavier Monnier
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Les règles du jeu politique gabonais sont simples : s’attirer les bonnes grâces du patron. Quitte à faire semblant de le bouder.

Gratter du grisbi à un dictateur avide de louanges n’est pas chose si aisée. Quand bien même il règne depuis presque quarante ans sur un petit émirat pétrolier. Prenez Albert Bernard Bongo, arrivé au pouvoir en 1967 au Gabon, devenu au fil du temps et des religions Omar Bongo puis Omar Bongo Ondimba (OBO). Toujours chaudement félicité après ses six réélections à la magistrature suprême, le petit Omar de Lewaï entretient une foule de courtisans depuis des lustres.

Les recettes de Bongo

Au choix d’anciens opposants, ex maîtresses, jeunes loups ambitieux, tous rentrés dans le rang contre des arguments sonnants et trébuchants. La méthode, dès lors peut paraître simple. Faire sécession, créer un petit parti d’opposition, dont, selon la formule consacrée à Libreville « tous les militants tiennent dans une cabine téléphonique », et attendre que le président haut perché vienne vous convaincre de rejoindre la majorité.

Paul Mba Abessole, leader du Rassemblement du Peuple Gabonais et ancien candidat à la présidence, file bien plus doux depuis qu’il a été nommé vice-Premier ministre. Jean-Pierre Lemboumba, après une petite candidature aux présidentielles de 1993, a sabordé son parti. Et malgré de fréquentes hésitations, a réendossé son costume de grand argentier du palais du bord de mer.

La recette marche si bien que certains n’hésitent pas à la réutiliser.

À l’instar de Louis Gaston Mayila. Au milieu des années 90, cet ancien directeur de cabinet du président Bongo avait créé le Pup, le parti pour l’unité du peuple, qui lui permit de retrouver les arcanes du pouvoir. Après avoir dissous son parti dans le PDG (parti démocratique gabonais, au pouvoir) en 2005, les cadeaux se sont amoncelés : un poste de vice-Premier ministre chargé des affaires sociales (2006), doublé de la charge de vice-Président du PDG. À croire que l’appétit vient en mangeant : le bon Gaston a de nouvelles vélléités de sécession. Motif officiel, l’ostracisme dont il serait victime dans le parti présidentiel. Lors du 39e anniversaire du parti présidentiel, les 11 et 12 mars, Mayila a même failli en venir aux mains avec le secrétaire général du parti, Simplice Nguédet Manzéla. De nouvelles négociations politiques en vue donc. « Omar ne comprend pas qu’on puisse s’opposer à lui, et il va voir jusqu’au plus petit opposant », confie, lassé, un habitué du palais de bord de mer. Et, avec un naturel désarmant demande à son interlocuteur : « Qu’est ce que je peux faire pour toi ? » Des mots qui tintent comme un jackpot…

Risée des journalistes, ces petits arrangements entre adultes consentants font le malheur des fidèles à OBO. Voire provoque leur dépit.

Des nouvelles d’Edith

Objet de toutes les rumeurs librevilloises, la longue maladie de la première Dame Edith Bongo a aussi provoqué quelques tensions entre son père, le président congolais Denis Sassou Nguesso et son mari El Hadj Omar Bongo Ondimba. Si bien qu’un médiateur a même été nommé pour rétablir la communication. Le choix s’est porté sur Thomas Souah, ancien Directeur général de Libertis, devenu président du conseil d’administration de Gabon Télécom… Le bonhomme prend sa tâche très à coeur et en appelle même aux voies célestes. Pour l’anniversaire d’Edith, le 10 mars dernier, Souah a rameuté à Paris une pleine palanquée de pasteurs « éveillés » au chevet de la Première dame. Premier de cordée, Francis Mbadinga, chef de l’Eglise Béthanie de Libreville.

« Il récompense les pseudo-opposants mais n’a jamais eu un mot pour moi », geint le petit Virgilio Foumangoye. Quarantenaire avenant, bongoïste indécrottable (si si c’est possible), le bon Virgilio se vante de toujours avoir soutenu le chef de l’État gabonais. Quitte à se coltiner les basses oeuvres. « Vous croyez que c’est par miracle que Bongo a remporté les présidentielles de 1993 avec 51% des voix ou que les accords de Paris [1] , en 1994, se sont bien déroulés », argue-t-il. « Non c’était du boulot et à plein temps ! ». Multiplication des bulletins dans les urnes, retournement des opposants, négociations avec les écrivains prêts à tirer à boulets rouges sur le régime, création d’associations toutes dédiées à la gloire d’Omar Bongo…

Bref les classiques faits d’armes d’un cadre du PDG installé à Paris. Servile au possible mais sans les petites récompenses qui vont avec. Vexé d’être si peu reconnu pour ses talents, Foumangoye claque la porte du parti en 2003. Et explore une nouvelle voie qu’il espère rémunératrice. Tout en s’entêtant à militer pour le président, le rabelet gabonais s’échine à pointer les failles d’un régime qu’il connaît si bien. Dénonçant pêle-mêle « corruption, gabegie, situation économique et sociale désastreuse, pillage des ressources naturelles ». Sans oublier de pointer quelques hiérarques, coupable à ses yeux de se partager le gâteau sans lui en laisser aucune miette.

Un inventaire à la Prévert du Bongoland, compilé dans un manuscrit, Ma part de vérité. Pour l’instant, le grand oeuvre reste confiné dans les tiroirs. Histoire de laisser le temps au Président d’avoir vent du projet. Et de trouver les arguments propres à récompenser un bongoïste de toujours…

[1] Après les élections contestées de décembre 1993 et la réélection d’Omar Bongo, de violentes émeutes secouent le Gabon. La paix ne revient qu’après les accords de Paris, signés en novembre 1994 : Bongo demeure président mais fait entrer l’opposition dans son gouvernement

Voir en ligne : in Bakchich # 26

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