Bac : Les confessions d’un chasseur de perles

Et voilà ! J’ôte mon masque de plongée, mon tuba, mes palmes académiques, et je remonte doucement, palier après palier, d’une semaine d’apnée dans l’océan des copies du bac philo 2008.

Point de narcose, encore moins d’ivresse des profondeurs, tout au plus la rude fatigue réservée aux travailleurs de l’amer. Je suis prêt, Chers Lecteurs, à vous offrir ces perles de pluie venues d’un pays où l’on ne pense pas … Hélas, hélas, trois fois hélas : est-ce la faute aux quotas européens ? À quelque surpêche étrangère ? À quelque sournoise infection de nos eaux littorales ?

Conchyliculture, Ostréiculture, France-culture, perles de culture ou d’inculture, venez à mon secours… force est de le constater, de l’avouer derechef : je rentre plus bredouille que le malheureux « Matahi » -le héros du Tabou de F.W.Murnau, que je m’empresse de recommander à ceux de nos lecteurs qui ne le connaîtraient pas encore-.

Je n’ai rien dans ma besace, ou si peu, mais patientez. Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir ramé, soufflé, plongé, le couteau d’écailleur à la main, pour repêcher ces candidats.

Le consensus mou victorieux dès 18 ans…

Mais non, il me faut bien le confesser : nos jeunes sont devenus des gens sérieux. Leurs copies fleurent bon le consensus universel, la voie médiane, la prudence extrême. Peu d’exemples dans leurs travaux, encore moins de références si propices aux confusions et autres calembours involontaires dont les vieux lettrés se délectent. Penseurs minimalistes, nos jeunes bacheliers ont la beauté de l’antique et consomment le concept avec modération.

Que l’on en juge un peu :

Il fallait plancher sur :

 Est-ce à la loi de décider de notre bonheur ?

 Peut-on aimer une œuvre d’art sans la comprendre ? (J’omets prudemment le texte du vieux Kant, un peu technique, sur les vérités et les préjugés, ce pète-sec de Königsberg étant peu propice à la perle par nature).

Sur la délicate question du bonheur et de la loi nos enfants ont répondu en masse : « la loi c’est pour les autres, et le bonheur c’est pour moi. » Que dire de plus ?

Sur l’amour, et la nécessaire, ou non, compréhension des œuvres, l’avis de notre progéniture a été moins tranché – preuve, sans doute, que bien peu de candidats s’étaient déjà posé cette question pour eux-mêmes -. Comme le veut la coutume, en de semblables occurrences, nos jeunes têtes pensantes ont demandé l’asile philosophique à la Normandie : à la question du sujet ils ont alors répondu : «  P’tet ben qu’oui, P’tet ben qu’non, faut voir, un peu des deux… »

Tant d’habileté confond, qui ferait passer le plus madré des maquignons pour une rosière à peine éclose de son pensionnat. Allez, pour terminer, parce que vous l’avez bien mérité, je vous livre des perles, des vraies du bac de philo 2008. Attention c’est un « quiz », il y a de vraies et fausses perles. Vous êtes prêts ? À vous de répondre :

1) « Jean-Baptiste Botul était un agité du bocal, d’où la maladie qui porte son nom. » Vraie Perle ? Fausse Perle ?

2) « Gustave Courbet dans son tableau : “le trou du monde”, nous met en face du mystère de la vie. » Vraie Perle ? Fausse Perle ?

3) « Blaise Pascal, après s’être essayé à la contrefaçon de billets de 500 euros, créa la première compagnie de taxis, en Place de Grève à Paris » Vraie Perle ? Fausse Perle ?

4) « Moi, mon bonheur c’est de rouler en Porsche, et le votre c’est de corriger des copies. » Vraie Perle ? Fausse Perle ?