Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
CULTURE / Jeux vidéo

"Alpha Protocol", l’espion que j’aimais

On se console / samedi 12 juin 2010 par Camille Grandjean
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Obsidian Entertainment réussit le mariage parfait du jeu de rôle et de l’action sur fond d’espionnage.

Alpha Protocol est la première création originale du studio américain Obsidian Entertainment

Ce nom ne dira pas grand-chose au grand public et par conséquent un petit rappel historique s’impose : Obsidian Entertainment a été crée en 2003 par les têtes pensantes du studio Black Isle qui dut fermer suite à la débâcle financière de l’éditeur Interplay dont il dépendait.

Et le studio Black Isle, c’est Fallout, Fallout 2, Planescape Torment, la série des Icewind Dale et une importante contribution à la série des Baldur’s Gate. Pour ceux qui ne situent toujours pas, il s’agit tout simplement des meilleurs jeux de rôle jamais crées sur PC pour certains, dont l’auteur de ses lignes, des meilleurs jeux PC jamais crées tout court.

Si je vous dis maintenant que le PDG d’Obsidian Entertainment s’appelle Feargus Urquhart , réalisateur la série des Fallout et que le directeur de création du même studio s’appelle Chris Avellone, réalisateur de Planescape Torment , vous comprendrez sans doute mieux pourquoi, Alpha Protocol, la première et ambitieuse création originale du studio était attendue avec une grande impatience et une certaine appréhension.

Un physique difficile ?

Soyons francs : Alpha Protocol s’est fait étriller par une large partie de la presse spécialisée qui lui reproche un certain nombre de défauts considérés comme inacceptables : graphismes moyens, animation un peu rigides, intelligence artificielle bancale, système de tir frustrant .Ces critiques rendent davantage compte d’une absence de véritable discours critique, d’une fascination puérile pour la performance technique et sur certains points d’une manifeste incompétence de la part de la presse spécialisée et ne rendent en aucun cas justice à l’expérience offerte par Alpha Protocol.

 - JPG - 29.3 ko

Ces réactions sont la conséquence directe du formatage qui s’opère actuellement au niveau des grosses productions de l’industrie et qui contribue à marginaliser voire étouffer toute création originale. Par conséquent, avant de rentrer dans le vif du sujet, un avertissement s’impose :

si pour vous un jeu vidéo se résume à ses graphismes, si le tir aux pigeons constitue pour vous le summum du gameplay, si vous demander de vous investir est une insupportable exigence, bref, si vous êtes un gamer assisté qui aime recevoir sa bouillie vidéoludique à la petite cuillère, Alpha Protocol n’est pas pour vous. A l’inverse, si vous avez la nostalgie, ou tout simplement le goût, des jeux riches, profonds, passionnants et stimulants, il y a de fortes chances qu’Alpha Protocol vous séduise et beaucoup plus si affinités.

Une question de choix

Maintenant que les choses sont claires, il est temps d’aborder l’élément qui se trouve au cœur du gameplay d’Alpha Protocol : le choix. Pour une fois, il ne s’agit pas d’un argument marketing dissimulant un éventail des possibles rachitique. Alpha Protocol propose un ensemble vertigineux de choix au niveau de la narration, du gameplay et de la personnification du personnage et c’est cet incroyable somme de variables que nous allons essayer de présenter.

Le choix des mots

Alpha Protocol vous met dans la peau de Mike Thornton.

Recruté par une mystérieuse agence de renseignement américaine, vous allez devoir jouer les espions de chocs en vous rendant sur différents théâtres d’opérations (Arabie Saoudite, Rome, Moscou et Taipei) pour déjouer un complot qui pourrait bien faire basculer le monde dans la troisième guerre mondiale. Vous allez me dire que ce scénario sent le réchauffé et je vous accorde que l’arc narratif global ne brille pas par sa folle originalité.

 - JPG - 17.3 ko

Là où Alpha Protocol commence à briller, c’est dans le détail des personnages, des conversations et des situations. L’écriture est fluide, naturelle, les réparties fusent et les profils psychologiques sont plus proches de l’archétype que de la caricature. Mais en vérité, le génie d’Alpha Protocol repose sur la gestion de vos relations avec ces différents personnages via une interface de dialogue.

Pour faire simple, chaque dialogue vous demande de choisir en temps réel une réponse dans trois registres : charmeur (style Bond), professionnel (style Bourne), agressif (style Bauer).

En fonction de la personnalité de vos interlocuteurs et de la réputation qui vous précède, ces différentes approches aboutiront à des résultats différents, chacun avec des conséquences importantes sur la suite des événements comme par exemple la disparition de toute une faction ou de plusieurs missions.

Mais ces choix ne se limitent pas aux phases de dialogue. Vos décisions prises pendant les phases action ont également des conséquences. Vous fouinez pour découvrir des infos additionnelles, c’est un fichier secret d’un personnage clé qui se débloque ouvrant de nouvelles options de dialogue.

Vous tuez par erreur un garde lambda à l’ambassade américaine de Moscou, cette action aura des conséquences importantes dix heures plus tard lors de la phase finale du jeu (vous croyez vraiment pouvoir vous en sortir après avoir tué des soldats américains à l’ambassade M. Thornton ?).

Il est impossible de détailler ici l’ensemble des choix petits comme grands qu’Alpha Protocol utilise pour modifier significativement votre expérience de jeu tant le nombre de variables est vertigineux. Sur bien des points, il va même jusqu’à offrir une latitude décisionnelle plus grande que celle tant vantée d’Heavy Rain et pose un nouveau jalon dans la construction d’une narration dynamique déterminée par les choix du joueur.

 - JPG - 20.9 ko

Le choix des armes

Mike Thornton est le héros d’Alpha Protocol qui se définit lui-même comme un jeu de rôle/action.

Cela signifie que l’action comporte une composante jeu de rôle a moins aussi importante que les dialogues. Concrètement, cela signifie que vous allez devoir choisir dans quelle discipline vous spécialiser et que ce choix aura, une fois de plus, de véritables conséquences.

Allez-vous joueur un militaire bourrin fonçant dans le tas ? Dans cas, utilisez vos points d’expérience pour booster votre résistance et votre tir au fusil d’assaut.

Vous voulez vous la jouer ninja ? Investissez dans la furtivité et le combat à mains nues.

La liste pourrait continuer longtemps et il convient de souligner l’impact réel de ces choix sur l’expérience de jeu. Si vous êtes mauvais en tir au pistolet, n’allez pas vous plaindre que vous n’arrivez pas à toucher une ennemi en pleine tête à bout portant.

Les critiques virulentes qui se sont portées sur le système de tir semblent avoir oublié qu’Alpha Protocol n’est pas un jeu d’action/aventure à la Uncharted mais un vrai jeu de rôle dans lequel les statistiques ont leur importance. Cette composante jeu de rôle et la spécialisation qu’elle induit contribue à ajouter une profondeur supplémentaire sans pour autant en accroître la complexité.

Le choix des styles

Confronté à une situation, l’agent Mike Thornton a le choix. Choix des mots, choix des armes mais également choix des approches. En effet, chaque niveau d’Alpha Protocol a été conçu pour être abordé de plusieurs manières :

 furtif : en se cachant dans l’ombre et en progressant à couvert

 bourrin : en fonçant dans le tas, la fleur au fusil

 technologique : en jouant sur les gadgets pour s’infiltrer et neutraliser

A bien des égards, Alpha Protcol semble être le digne héritier du génial Deus Ex dans la variété des gameplays qu’il propose au joueur. Chaque arène de jeu vous propose plusieurs itinéraires et le level design a été clairement pensé pour accommoder chaque approche.

Sur le plan furtif, Alpha Protocol s’apparente à un croisement entre Metal Gear et Splinter Cell avant que ce dernier ne bascule dans le shooter vaguement furtif. Bien sûr, rien ne vous empêche de varier les approches en fonction de vos envies, de la situation et de vos performances dans l’un ou l’autre domaine. Ainsi, Alpha Protocol vous permet non seulement de définir votre style de jeu mais s’assure également grâce à l’élégance de son design que chaque niveau comporte des éléments lui permettant de s’épanouir.

 - JPG - 23.3 ko

L’importance du choix

Pour conclure, Alpha Protocol est un miracle.

Avec Alpha Protocol, Obsidian Entertainment est parvenu à porter sur console next-gen les valeurs et les ambitions des jeux PC de la grande époque : des jeux qui repoussent les limites, des jeux avec une véritable personnalité, des jeux auxquels on s’attache malgré leurs quelques défauts.

Comme toutes les œuvres exigeantes et qui demandent une certaine implication du joueur et n’hésitent à le sortir de ses habitudes, Alpha Protocol risque fort d’être boudé par le grand public et de devenir une œuvre culte adorée par de rares initiés.

Il ne s’agit pas d’une fatalité.

Si vous partagez cette certaine idée du jeu vidéo qu’essaie de défendre Obsidian, faîtes un vrai choix : achetez Alpha Protocol.

Alpha Protocol

Développé par Obsidian Entertainment et édité par SEGA

Disponible sur PC, Xbox 360 et PS3

Prix public conseillé : 60€

C’est pour vous si vous avez aimé : Deus Ex, Thief, les premiers Splinter Cell, Metal Gear, James Bond, Jason Bourne, Jack Bauer

Site web : http://www.sega.fr/games/alpha-protocol/


AFFICHER LES
2 MESSAGES

Forum

  • "Alpha Protocol", l’espion que j’aimais
    le mardi 30 novembre 2010 à 17:27, Walhan a dit :
    Merci de prendre le recul nécessaire à l’évaluation d’un jeu vidéo, il est tellement facile et répandu de se contenter de juger sur une heure de jeu en faisant un comparatif direct avec le jeu au top du moment. En tout cas, j’hésitais, maintenant, il ne me reste plus qu’à l’acheter… Continuez comme ça… C’est parfait
  • "Alpha Protocol", l’espion que j’aimais
    le lundi 18 octobre 2010 à 13:22, Karibou a dit :
    Une superbe expérience, gâchée par des soucis techniques récurents chez Obsidian. Il n’empêche qu’il est difficile de lâcher le jeu une fois que l’on a été pris dans les mailles du filet. L’un des meilleurs jeux de l’année !
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte