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Amitié franco-allemandes

image 0 RELATIONS FRANCO-ALLEMANDES

  Discours prononcé par le ministre fédéral des Affaires étrangères, M. Joschka Fischer, devant le Bundestag, le 16 janvier 2003, à l occasion du 40e anniversaire du traité de l Élysée

Toutes interrogations concernant cette liste de diffusion, doivent être adressées à <Europe-request@amb-allemagne.fr>  

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, Nous nous apprêtons à célébrer le 40e anniversaire du traité de l Élysée, un traité d amitié conclu entre notre pays et la République française. Il s agit bien d un traité d amitié, non pas d un traité de paix, mais d un traité qui a contribué de manière essentielle à institutionnaliser une paix durable en Europe. De ce point de vue, je partage l avis de tous ceux qui le qualifient de traité historique, car il a vraiment marqué son siècle. Franz Müntefering est revenu sur sa biographie personnelle pour rappeler l époque à laquelle l Allemagne et la France étaient des ennemis héréditaires. Dans l exercice de mes fonctions de ministre des Affaires étrangères, je rencontre souvent des interlocuteurs qui se trouvent exactement dans la même situation. J y ai pensé encore récemment en parlant avec le président arménien. Notre entretien portait sur un conflit semblable qui sévit dans la région du Haut Karabakh et qui oppose deux peuples, deux pays voisins luttant pour le même territoire et invoquant chacun des motifs d ordre historique. J ai alors pensé au rôle que l amitié et la réconciliation franco-allemandes jouent réellement pour la paix sur notre continent. Nous ne devons pas oublier une chose, et je ne peux qu abonder dans le sens de Franz Müntefering car je l ai vécu personnellement: lorsque j allais à l école, les enseignants étaient encore classés en fonction de leurs animosités personnelles. Il y avait ceux qui considéraient les Russes comme leurs ennemis héréditaires, d autres les Anglo-américains et bien sûr tous ceux qui avaient une aversion profonde pour les Français. Le classement était fonction de cela. Aujourd hui, on a l impression que c est une vieille histoire appartenant à une époque entièrement révolue. C est là l un des grands mérites du traité d amitié franco-allemand, du traité de l Élysée, grâce auquel aujourd hui les choses sont devenues toutes naturelles entre nous. Il suffit de penser au malheur que cette frontière dans le sud-ouest de l Allemagne a engendré pour la région tout entière, pour la Bade et la Rhénanie-Palatinat, de même que pour la Sarre à plusieurs reprises. Aujourd hui, cette frontière continue d exister en termes de droit public mais elle ne sépare plus les hommes dans la réalité car il y a longtemps qu elle est devenue perméable au sein de notre Europe commune. C est là aussi l une des grandes performances du traité de l Élysée.

La réconciliation franco-allemande Mesdames, Messieurs, c est l autodestruction du système étatique en Europe qui a ouvert la voie de la réconciliation entre la France et l Allemagne. Deux grandes guerres avaient éclaté en Europe au XXe siècle, avec pour principaux protagonistes la France et l Allemagne, et avaient définitivement détruit l équilibre entre les puissances. Forts de cette expérience, deux grands hommes d État, Robert Schuman et Jean Monnet, ont forgé une idée nouvelle: réaliser l intégration des intérêts en s appuyant sur la réconciliation franco-allemande.

L intégration des intérêts économiques et politiques Leur première préoccupation fut d abord l économie mais ils pensaient déjà bien sûr à la culture et surtout à la politique. Pour cela, il fallait que la France et l Allemagne coopèrent l une avec l autre et que ces ennemis héréditaires deviennent en quelque sorte des amis héréditaires. Telle était à l époque, et telle est encore aujourd hui, je tiens à le souligner, l idée maîtresse qui reste valable même dans une Union élargie. Voilà la vocation du traité franco-allemand. Traduire cette vision dans le domaine de la politique a été, dès la première heure, le grand mérite de Konrad Adenauer, de Willy Brandt, d Helmut Schmidt, d Helmut Kohl aussi et à présent de Gerhard Schröder, c est-à-dire de tous les chanceliers fédéraux et de tous les premiers ministres et présidents français depuis Charles de Gaulle. Transposer cette vision dans la politique au quotidien, faire en sorte qu elle devienne une réalité vivante au sein de la société et construire cette Europe commune constitue l objectif premier de nos deux peuples, de nos deux pays, et je dirais même que c est là leur intérêt premier. Ceci est aussi l une des conséquences du traité de l Élysée. Aussi est-il très important que nos parlements se rencontrent. Je l ai déjà dit hier devant la Commission: il se peut qu en matière de gestes symboliques, nous n ayons pas la même sensibilité que nos amis français. Toutefois, le fait que nos deux parlements siègent ensemble pour la première fois en réunion plénière constitue à mes yeux une réalité symbolique très importante pour la réconciliation entre nos deux peuples. C est pourquoi cette initiative recueille le plein appui du gouvernement fédéral.

La dimension culturelle Il y a eu aussi bien sûr, dès le début, la dimension culturelle, c est-à-dire la coopération au niveau de la société civile et surtout de la jeunesse. Cette composante a joué un rôle décisif dans le traité d amitié franco-allemand, le traité de l Élysée. Nous ne devrions pas nous contenter de chanter les louanges de ce traité a posteriori mais plutôt déployer de nouvelles initiatives pour l avenir. Je remarque non sans une certaine inquiétude que, sur le plan linguistique, l apprentissage de la langue du partenaire est plutôt en régression dans chacun de nos pays, pour dire les choses de façon diplomatique. Il y a plusieurs raisons à cela: la mondialisation et le fait que, sans aucun doute, l anglais est devenu entre-temps la lingua franca, la langue internationale, parlée dans le monde entier. Néanmoins, face à une Europe qui se rapproche, nous devons nous engager davantage pour que l apprentissage de la langue du partenaire soit renforcé parmi les jeunes de la future génération si nous ne voulons pas perdre un potentiel important pour l avenir de la relation franco-allemande. Dans ce domaine, nous devons coopérer avec les Länder, et je pense que rien ne s y oppose, afin d investir dans l avenir de façon plus énergique. Je sais combien c est difficile mais je considère que c est indispensable de même que de déployer des initiatives culturelles communes.

La politique agricole européenne Vous venez d évoquer la politique agricole. Si nous avions de l argent, il serait superflu d en discuter. Mais ce n est pas le cas et nous devons nous demander pendant combien de temps encore pourrons-nous nous offrir le luxe, dans le monde du XXIe siècle, de consacrer plus de 40 pour cent du budget communautaire de l Union européenne à la politique et aux subventions agricoles tandis que la situation de la culture, du cinéma et autres au niveau européen est plus que précaire. Si nous voulons que l Europe, et donc la France autant que l Allemagne, puisse assumer son rôle dans le monde de demain au XXIe siècle, il faut distribuer les ressources en fonction d autres priorités. Vous le savez bien, Madame Merkel. Tout est là. Je pense que c est un impératif. La coopération franco-allemande, noyau et force d entraînement du développement de l Europe Je le répète de façon claire et nette: la coopération franco-allemande a été le noyau et la force d entraînement du développement de l Europe et j affirme qu elle le restera même dans une Europe à 25. En quatre ans, j ai constaté une chose: lorsque l Allemagne et la France sont d accord, elles ne le sont jamais en excluant les autres ou en leur faisant front; au contraire, elles entraînent toujours les autres. Nous avons déjà évoqué Adenauer et de Gaulle ainsi que les difficultés engendrées par le préambule du traité. Tout à coup, j ai eu l impression de connaître cette situation. En réalité, les choses n ont pas beaucoup changé sur le plan des relations franco-allemandes: les compromis sont difficiles mais, une fois réalisés, ils donnent un élan incroyable au développement de l Europe. Voilà ce qui rend la relation franco-allemande aussi fascinante! Voisins directs très proches dans de nombreux domaines en raison de notre histoire, nous n en sommes pas moins très différents les uns des autres, un peu comme les membres d une même famille. Depuis Adenauer et de Gaulle, cet antagonisme s est révélé positif. Le rôle du moteur franco-allemand consiste à faire avancer ces compromis au bénéfice de l Europe. Je suis heureux du jugement positif que vous portez sur le compromis réalisé avant-hier. C est surtout aussi au chancelier fédéral que revient le grand mérite d avoir réussi à faire avancer l intégration dans un compromis constitutionnel européen. L élection de la Commission par le Parlement européen renforce bien sûr considérablement la légitimité de la Commission dans le cadre d une future constitution. Parallèlement, cela représente un accroissement énorme de compétences tant pour le Parlement européen que pour les citoyens et les citoyennes qui lui attacheront de ce fait plus d importance et qui exerceront une influence indirecte sur la composition de la Commission. Nous ferons en même temps une percée décisive dans la question de l élargissement des droits de la Commission. C est ainsi que par exemple le contrôle des directions générales sera assumé par la politique, plus exactement par la Commission. Je pense qu il s agit là aussi d un progrès énorme. Tous ceux qui connaissent les réalités seront de mon avis. L extension de la codécision à tous les actes législatifs de l Union joue également un rôle très important pour le Parlement européen qui voit ses droits augmenter. Vous avez également parlé de la politique étrangère commune. Il est essentiel qu à l avenir, ce soit un ministre européen des Affaires étrangères qui soit chargé de représenter nos institutions européennes à l extérieur. La politique étrangère et de sécurité commune Madame Merkel, j estime tout aussi important le fait que nous ayons décidé d introduire en règle générale le vote à la majorité pour toutes les questions relevant de la Politique étrangère et de sécurité commune. C est là aussi à mes yeux un pas essentiel en avant. Ceci se situe dans le droit fil de la coopération que notre gouvernement pratique depuis des années avec le gouvernement français. Je voudrais vous dire encore une chose: je suis heureux de constater que, sur ce point, vous avez relativisé vos critiques, vous qui ne cessiez de reprocher au chancelier fédéral de négliger les relations franco-allemandes et les questions européennes en général. Pour ma part, je vous assure qu en adoptant l Agenda 2000, nous avons réalisé, sous la conduite du chancelier fédéral, un compromis relevant presque de l impossible. Et cela était nécessaire pour pouvoir avancer dans les négociations concrètes.

L élargissement de l Union européenne Le gouvernement précédent avait fixé l an 2000 comme date d adhésion de la Pologne à l Union européenne. Les dossiers de négociation avaient été ouverts six mois avant notre arrivée au gouvernement. Le processus de négociation a pris de la vitesse sous la présidence de l Allemagne. À Copenhague, nous avons mené à bien ce processus historique et achevé les négociations avec dix nouveaux pays membres. Sous présidence allemande, nous avons également entamé le deuxième volet, et pas seulement l élargissement de l Union. Parallèlement, sur la base du compromis de Berlin et toujours en coopération avec la France, l initiative de l Allemagne a permis de lancer les travaux de la Convention. Il ne s agit donc pas uniquement de l élargissement mais aussi de la constitution européenne.

La Convention européenne Je suis parfaitement d accord avec Madame Sager: si nous arrivons, au cours de cette année qui marque le 40e anniversaire du traité de l Élysée, à élaborer au sein de la Convention une constitution européenne, les travaux allant bon train grâce à la conduite du président Giscard d Estaing, alors nous pourrons dire que nous avons accompli quarante ans plus tard la mission qui nous avait été léguée par le traité d amitié franco-allemand, le traité de l Élysée. Tel était et tel reste l objectif de l actuel gouvernement fédéral. Telle est la politique du chancelier Schröder et j ajouterais: telle est la politique du président Chirac. J estime que c est une performance considérable qui sert la cause de l Europe.

Notre devoir de paix Il en est de même de notre devoir de paix. Je suis tout à fait disposé à mener cette discussion dans une autre enceinte. Toutefois, nous ne devrions pas, un jour comme aujourd hui, nous lancer dans des discussions tactiques sur la façon de pousser le gouvernement dans telle ou telle direction. ( ) Je vous le dis: le traité franco-allemand est un traité d amitié dont le premier mérite est d avoir instauré la paix. Si l actuel gouvernement fédéral a un devoir premier à remplir, c'est bien, et nous ne sommes pas naïfs, un devoir de paix. Sur ce point, il n y a aucun doute: nous plaidons en faveur de la mise en  oeuvre de la résolution 1441. Cela veut dire que les inspecteurs doivent faire leur travail. Nous pensons qu'il n y a aucune raison d employer la force militaire. Nous avons bien trop peur que l emploi de la force militaire en Iraq ne déclenche un engrenage qui pourrait avoir des conséquences fatales. Aussi avons-nous adopté dès le début une position très claire. Nous avons dit que nous ne participerions pas à une action militaire en Iraq. Nous ne changerons pas d avis. C est l expression d une politique concrète en faveur de la paix.  

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Déclaration commune à l'occasion du 40e anniversaire du Traité de l'Elysée 22 janvier 2003

L'amitié franco-allemande au service d'une responsabilité commune pour l'Europe 1. Le Traité de l'Elysée, signé voici quarante ans entre la France et la République fédérale d'Allemagne par le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer, a scellé la réconciliation entre nos deux nations et posé les fondements d'une paix durable sur le continent.

2. La France et l'Allemagne, membres fondateurs des Communautés européennes, ont joué un rôle moteur en donnant une impulsion aux grandes avancées de la construction européenne, en particulier au cours des vingt dernières années : l'Acte unique européen, le Traité de Maastricht, l'Euro, l'espace Schengen. Tout récemment, l'Allemagne et la France ont eu à coeur de contribuer à la réussite des négociations d'adhésion de dix pays candidats conclues à Copenhague. La France et l'Allemagne sont conscientes d'exercer une responsabilité historique commune au service de l'Europe. Leur ambition est de continuer de représenter une force de proposition susceptible, sans rien imposer, d'entraîner leurs partenaires.

3. Le Traité de l'Elysée a également inauguré une ère de coopération sans précédent entre nos deux pays. Notre dialogue étroit et notre coopération dans tous les domaines favorisent des échanges de plus en plus intenses entre nos sociétés. Aujourd'hui, nous rendons hommage à tous les acteurs qui ont contribué au développement et l'approfondissement de ce dialogue, qu'il s'agisse des personnalités politiques, des collectivités territoriales, des entreprises, des associations, des établissements éducatifs, scientifiques et culturels.

4. Nous saluons également l'action de l'Office franco-allemand pour la jeunesse qui a permis à plus de sept millions de jeunes de se rencontrer, de l'Université franco-allemande, au sein de laquelle chaque année, plus de 3.000 étudiants suivent des cursus binationaux intégrés, et de la chaîne de télévision ARTE, symbole de la volonté de coopération de nos deux pays et qui vient de célébrer son dixième anniversaire. Dans le domaine militaire, nous soulignons le rôle joué par la brigade franco-allemande, à l'origine du corps européen, qui nous permet de conduire conjointement des opérations de gestion de crise. Au moment où la France et l'Allemagne décident, à l'occasion de cet anniversaire, de renforcer le lien qui les unit, ces institutions et l'ensemble des structures de la coopération franco-allemande doivent adapter leurs missions à cette nouvelle ère de rapprochement et inscrire encore davantage leurs actions dans une perspective européenne. 

5. Depuis 40 ans, le contexte de la coopération franco-allemande a profondément évolué. La fin de la guerre froide et l'unification allemande ont marqué le début de la réunification de l'Europe. La conjonction de l'élargissement de l'Union européenne et de l'adoption d'une Constitution commune place nos deux pays devant des défis considérables. Dans le contexte de la mondialisation, l'acquis de 40 ans de coopération augure bien de notre capacité à assumer les tâches de la nouvelle Europe. Aussi sommes-nous déterminés à engager une nouvelle étape dans la coopération entre nos deux pays.

Exercer notre responsabilité commune en Europe 6. La France et l'Allemagne sont liées par une communauté de destin. Notre avenir commun est indissociable de celui d'une Union européenne approfondie et élargie. Aussi voulons-nous proposer à nos partenaires une vision commune de l'Europe de demain et sommes-nous déterminés à tout mettre en oeuvre pour promouvoir le renforcement de cette Union.

7. Après une histoire douloureuse, nous nous réjouissons des retrouvailles européennes scellées au Conseil européen de Copenhague et sommes résolus à faire de l'élargissement un succès, en aidant les nouveaux pays membres à s'intégrer harmonieusement au sein de l'Union européenne et à promouvoir, à nos côtés, les valeurs qui sont l'essence du projet européen. Nous préparerons ensemble les futures adhésions, notamment celles de la Bulgarie et de la Roumanie, et favoriserons la mise en place d'un partenariat privilégié avec les Etats qui sont aux frontières de l'Union, pour garantir la stabilité et la prospérité de l'Europe et de ses voisins.

8. Cette Union élargie, plus diversifiée, et donc plus complexe, doit conserver sa capacité de décision et d'action. A cette fin, nous souhaitons la réussite de la Convention sur l'avenir de l'Europe. Nous avons remis à la Convention notre contribution sur les moyens permettant à l'Union européenne de relever les défis internes et externes auxquels elle est confrontée. Nous l'appelons à établir les bases d'une Union plus forte, plus démocratique, plus lisible, plus solidaire, plus efficace, jouissant d'une plus grande crédibilité sur la scène mondiale. Nous souhaitons que les institutions de l'Union puissent être dotées d'une plus large capacité d'action, d'une légitimité et d'une stabilité plus assurées. Nous souhaitons également bâtir une véritable Union des citoyens. C'est l'une des raisons pour lesquelles la Charte des droits fondamentaux devrait être intégrée dans le texte de la Constitution, donnant toute leur force aux valeurs et aux principes qui sont le socle de notre projet européen.

9. Nous sommes déterminés à faire franchir à la politique étrangère et de sécurité commune et à la politique européenne de sécurité et de défense une nouvelle étape, afin de mettre l'Union en mesure d'assumer pleinement son rôle sur la scène internationale et de promouvoir à l'échelle mondiale la liberté, la paix et la démocratie en accord avec les valeurs qui sont les siennes. Nous proposons la création d'une Union européenne de sécurité et de défense, qui confèrera une forme concrète et une efficacité à la solidarité et la sécurité commune de ses membres et doit également contribuer au renforcement du pilier européen de l'Alliance atlantique. Pour marquer notre détermination en faveur de la poursuite en ce sens d'une évolution de la politique européenne de sécurité et de défense, nous engagerons les efforts nécessaires à l'amélioration des capacités militaires et, ce faisant, intensifierons sensiblement notre coopération bilatérale.

10. Nous nous attacherons également à promouvoir une nouvelle solidarité avec les pays du Sud afin d'assurer en particulier le développement des pays les plus pauvres, notamment dans le cadre des négociations engagées sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce.

11. Il est de notre responsabilité conjointe de développer les politiques communes de l'Union et de les adapter aux réalités nouvelles de la construction européenne car ces politiques constituent le fondement essentiel de la solidarité entre les pays de l'Union. Aussi, nous nous préparerons ensemble au grand débat qui va s'ouvrir sur les perspectives financières de l'Union et sur l'avenir des politiques communes après 2006, en ayant à l'esprit le souci de globalité qui a inspiré les conclusions du récent Conseil européen de Bruxelles (24-25 octobre 2002).

12. Nous veillerons au respect du pluralisme linguistique dans les institutions de l'Union et sommes déterminés à prendre les mesures nécessaires en faveur de l'emploi de l'allemand et du français dans les instances de l'Union européenne, par exemple en favorisant l'apprentissage des deux langues par les futurs fonctionnaires européens, en particulier ceux des nouveaux pays membres, dans le cadre de programmes de formation universitaires ou professionnels.

13. Nous souhaitons renforcer l'Europe comme espace de liberté, de sécurité et de justice afin que tous les citoyens européens vivent en sécurité sur l'ensemble du territoire de l'Union, en particulier face au développement de nouvelles menaces. L'Union européenne doit être une communauté de droit et un espace citoyen. Aussi entendons-nous favoriser la liberté de circulation dans l'Union par la suppression des titres de séjour pour les citoyens européens. Nous agirons également en faveur d'une politique européenne commune du droit d'asile et de l'immigration. Nous nous engageons aussi à mener une politique active pour l'instauration d'un parquet européen, la création d'un casier judiciaire européen, le renforcement des capacités d'Europol, et la mise en place d'une police européenne des frontières, qui permettra de lutter efficacement contre les migrations clandestines.

Rendre la France et l'Allemagne plus solidaires par une coopération plus intense

14. Pour jouer pleinement leur rôle de force d'impulsion et d'entraînement au sein de l'Union européenne, nos deux pays doivent  développer leur coopération de manière exemplaire au sein de l'Union européenne. Notre objectif est que nos projets puissent servir de base aux politiques européennes. Nous prendrons donc des initiatives bilatérales permettant d'expérimenter, dans des domaines d'action prioritaires, une union plus étroite entre nos citoyens, nos sociétés et nos institutions.

Jeunesse, éducation et sport 15. La diversité des langues est une richesse pour l'Union et leur apprentissage ne peut être qu'une source d'épanouissement et un atout pour les jeunes générations. Nous souhaitons mener une action déterminée pour l'enseignement de la langue du pays partenaire et, plus généralement, nous entendons promouvoir ensemble un modèle d'éducation qui permette aux jeunes d'acquérir la maîtrise de deux langues étrangères européennes.

16. Nous déclarons le 22 janvier Journée franco-allemande Nous souhaitons qu'à l'avenir, cette journée soit consacrée, dans toutes les institutions de nos systèmes éducatifs, à une présentation de nos relations bilatérales, à la promotion de la langue du pays partenaire, et à une action d'information sur les programmes d'échanges et de rencontres ainsi que les possibilités d'études et d'emploi dans le pays partenaire.

17. Notre objectif est d'encourager les jeunes de nos deux pays à considérer la France et l'Allemagne comme un cadre unique pour l'accomplissement de leurs études et l'exercice de leur profession. Pour faciliter les échanges d'étudiants et de jeunes en formation ainsi que la mobilité professionnelle, nous continuerons d'oeuvrer à une pleine et entière reconnaissance réciproque de nos diplômes et à favoriser la transparence et la comparabilité de nos qualifications professionnelles. Les ministres compétents identifieront les obstacles qui restent à surmonter, arrêteront, d'ici le prochain Sommet franco-allemand, un calendrier précis pour la réalisation de cet objectif et devront rendre compte régulièrement des progrès enregistrés en ce sens. Il conviendra de promouvoir le développement de l'Université franco-allemande et de la mettre en mesure d'accueillir le plus grand nombre d'étudiants possible. La France et l'Allemagne souhaitent lui donner une nouvelle dimension en proposant à leurs partenaires européens de favoriser la constitution de groupements d'établissements d'enseignement supérieur. A l'avant-garde de l'Europe universitaire, ceux-ci offriront aux étudiants un parcours académique intégré au plan européen.

18. En vue d'intensifier les échanges sportifs, nous souhaitons que soit présentée la candidature commune de la France et de l'Allemagne à l'organisation de compétitions sportives internationales. Nous appelons à la mise en place de grandes manifestations franco-allemandes, transfrontalières, sportives et populaires.

Société civile, culture et médias 19. Une coopération renforcée entre la France et l'Allemagne suppose une meilleure connaissance mutuelle de nos sociétés et de nos cultures. Afin de permettre un dialogue accru entre nos responsables politiques, économiques, syndicaux, associatifs, représentants des médias, personnalités du monde culturel, nous proposons qu'une Conférence franco-allemande les réunisse chaque année, afin de leur permettre de débattre des grandes questions qui intéressent nos deux sociétés.

20. Nous souhaitons le lancement, dès cette année, des négociations visant à l'élaboration d'une Convention internationale sur la diversité culturelle dans le cadre de l'UNESCO. Cette diversité doit trouver à s'exprimer notamment dans les secteurs audiovisuels et des nouvelles technologies de l'information et de la communication. La promotion de nos industries culturelles doit également y contribuer. Nous appelons au développement des échanges de journalistes entre nos deux pays. Nous demandons à nos ministres d'engager des projets culturels communs dans les Etats tiers, notamment en mobilisant le fonds de financement conjoint créé à cet effet par les deux ministères des affaires étrangères et de rechercher une implantation commune pour nos instituts culturels à Moscou.

21. Nous encourageons l'ouverture européenne de la chaîne culturelle ARTE, tout en conservant son identité franco-allemande, notamment en soutenant la mise en place par la chaîne d'une banque de programmes européens et l'invitons à promouvoir le rapprochement de nos sociétés. Nous soulignons l'importance de garantir la présence dans le paysage audiovisuel français et allemand d'au moins une chaîne du pays partenaire et d'encourager la réalisation et la diffusion de programmes communs par les organismes de radiodiffusion et de télévision des deux pays. Nous souhaitons que nos deux pays poursuivent la réflexion sur l'avenir de la chaîne européenne d'information Euronews.

Harmonisation du droit 22. Afin d'intensifier le rapprochement de nos sociétés et dans la perspective de nouveaux progrès à réaliser au niveau européen, nous veillerons à harmoniser nos législations nationales dans les domaines principaux qui intéressent la vie de nos citoyens. Nous appelons nos ministres, lors de la préparation des projets de loi, à consulter systématiquement leurs homologues et à mieux prendre en compte l'état et l'évolution de la législation du pays partenaire afin de rechercher toutes les convergences possibles. Nous souhaitons en particulier que soient présentés des projets visant à un rapprochement des législations sur le droit civil, notamment le droit de la famille. Nous devons ainsi permettre à nos ressortissants de bénéficier, s'ils le souhaitent, de la nationalité de nos deux pays. Nous devons également réduire et supprimer à terme les difficultés qui subsistent pour les citoyens dont la vie professionnelle, familiale et personnelle est partagée entre la France et l'Allemagne.

Droit de l'éthique 23. Nous sommes attachés à apporter des réponses communes aux problèmes éthiques soulevés par les progrès de la recherche et de la médecine. En tenant compte des réflexions menées par les Comités éthiques des deux pays, nous souhaitons présenter des projets étroitement concertés permettant l'adoption de législations comparables.

Coopération décentralisée et transfrontalière 24. Nous appelons aussi de nos voeux le renforcement de la coopération entre collectivités territoriales afin de favoriser l'émergence de nouveaux liens, notamment entre régions françaises et Laender allemands, ainsi que le développement d'une coopération et d'une intercommunalité transfrontalières. Nous soutenons la création d'un Eurodistrict Strasbourg-Kehl, bien desservi, ayant vocation à explorer de nouvelles formes de coopération et à accueillir des institutions européennes, et appelons à la mise en place d'autres Eurodistricts.

Politique étrangère 25. La France et l'Allemagne veilleront à adopter des positions communes dans les instances internationales, y compris le Conseil de Sécurité, et à définir des stratégies concertées à l'égard des pays tiers, tout particulièrement dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune.

26. Nos ministres des affaires étrangères accentueront la complémentarité entre nos réseaux diplomatiques et consulaires, notamment par le biais d'implantations et de services communs. Nous leur demandons également d'examiner la possibilité de procéder à l'ouverture d'ambassades communes franco-allemandes. 27. Les services rendus à nos citoyens dans le pays partenaire devront être améliorés par une coopération accrue, sous l'égide de nos ministères des affaires étrangères, entre les services consulaires et l'administration du pays de résidence. L'assistance mutuelle apportée à nos concitoyens résidant dans les pays tiers sera également intensifiée. Défense

28. Dans le cadre de la politique européenne de sécurité et de défense, la France et l'Allemagne soulignent, à cette occasion qui marque également le quinzième anniversaire de la création du Conseil franco-allemand de sécurité et de défense, la qualité et l'importance de leur coopération en matière de défense ainsi que leur volonté de la renforcer dans une perspective européenne. Cela concerne en particulier le développement des capacités militaires, y compris la mise au point de nouvelles formes de coopération, notamment par l'harmonisation de la planification des besoins militaires et la mise en commun de capacités et de ressources, contribuant à la mise en oeuvre d'une politique européenne de l'armement et à la diffusion d'une culture européenne de sécurité et de défense. Politique économique et financière 29. Afin de renforcer la coordination de nos politiques économiques et de nos actions, tant au niveau communautaire qu'international, la France et l'Allemagne développeront, au sein du Conseil économique et financier franco-allemand créé par le Protocole de 1988, qui est la pierre angulaire de nos relations bilatérales, des positions communes sur les questions fondamentales de la politique économique et financière qui se posent à moyen et long terme, telles que celles du financement des retraites, des systèmes de santé et du marché du travail. Nous approfondirons également notre coopération en matière de politique industrielle, commerciale, d'énergie, de technologies et de transports afin de renforcer, dans le cadre européen, la compétitivité de nos économies.

30. Afin que l'Europe puisse pleinement contribuer aux débats internationaux de politique économique, financière et commerciale et disposer d'une capacité accrue d'analyse et de proposition, renforçant ainsi sa position dans ces domaines, la France et l'Allemagne décident de lancer une initiative européenne afin de créer un Centre européen d'économie internationale consacré à ces objectifs. Ce Centre, qui pourrait être localisé à Bruxelles, devrait pouvoir s'élargir progressivement à tous les partenaires européens - Etats membres, institutions communautaires et opérateurs privés.

Aide au développement 31. La France et l'Allemagne renforceront leur coordination en matière d'aide au développement, notamment dans la définition des priorités de leur politique bilatérale et leur évaluation, et s'efforceront de définir des positions communes dans les différentes enceintes internationales concernées. Elles renforceront leur coopération sur le terrain en mettant en oeuvre des projets communs ou complémentaires, visant à contribuer au développement, en priorité du continent africain, et à lutter contre des fléaux tels que la drogue et les grandes pandémies, comme le SIDA.

32. Nous appelons également à la mise en place d'un service de volontaires franco-allemands, afin de permettre à de jeunes Français et de jeunes Allemands de s'engager ensemble dans des projets de coopération en pays tiers, en particulier en direction des pays en développement

Environnement et développement durable 33. Dans un contexte où les catastrophes et en particulier les inondations posent de plus en plus fréquemment en des termes nouveaux la question de la prévention des risques naturels et la gestion des crises, la France et l'Allemagne veulent être le moteur d'une politique européenne en matière de prévention des catastrophes naturelles, en particulier des inondations. Elles demanderont à la Commission de soumettre une proposition en vue de la création d'un Centre européen de prévention et de protection contre les inondations. Le Conseil franco-allemand de l'environnement consacrera dans ses travaux une priorité à cette tâche. Les deux pays examineront la possibilité de recourir à des moyens d'intervention communs en cas de catastrophes. 34. Nous agirons en faveur d'une réelle gouvernance internationale de l'environnement, par le renforcement du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), pour viser, à terme, la création d'une Organisation mondiale de l'environnement dans le cadre des Nations Unies.

Recherche et développement technologique 35. Nous souhaitons poursuivre le développement de la coopération franco-allemande pour contribuer à la création d'un espace européen de recherche, notamment par des actions en faveur de la mobilité des chercheurs et du développement des formations doctorales au sein de l'Université franco-allemande. Nous sommes déterminés à donner un nouvel élan à notre coopération spatiale, notamment dans le domaine des lanceurs. Nous sommes favorables à ce que soit expressément insérée dans les traités la compétence de l'Union européenne dans le domaine spatial. Etant donné les derniers développements connus par cette technique, nous nous prononçons à nouveau fermement contre le clonage d'êtres humains, dans le droit fil de l'initiative franco-allemande prise dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies. Nous favoriserons la coopération entre les établissements de recherche français et allemands pour leur permettre de s'engager encore plus efficacement, ensemble, dans la lutte contre le cancer.

Renforcer nos procédures de concertation bilatérale 36. Les Sommets franco-allemands prendront la forme d'un Conseil des ministres franco-allemand. Il sera préparé par les ministres des affaires étrangères. Le Conseil des ministres assurera la coordination de la coopération franco-allemande au plus haut niveau ainsi que le suivi de sa mise en oeuvre dans les domaines d'action prioritaire. Des Conseils des ministres restreints pourront être réunis pour traiter de sujets spécifiques.

37. Le Comité et le Conseil franco-allemand de sécurité et de défense se tiendront à l'occasion du Conseil des ministres franco-allemand.

38. Si un sujet de l'ordre du jour s'y prête, le ministre concerné du pays partenaire assistera au Conseil des ministres de l'autre partie et sera invité à présenter des projets de législation commune franco-allemande.

39. Les ministres de nos deux pays devront se rencontrer également, en sus des Conseils de l'Union européenne, de manière plus systématique et plus fréquente, tout particulièrement pour préparer l'ordre du jour du Conseil des ministres franco-allemand.

40. Le rythme des rencontres de haut niveau entre le Président et le Chancelier, en présence des deux ministres des affaires étrangères, sera maintenu et pourra être intensifié, en tant que besoin.

41. Un Secrétaire général pour la coopération franco-allemande sera institué dans chaque pays. Personnalité de haut niveau, il sera rattaché personnellement au Chancelier et au Premier ministre et disposera d'une structure appropriée au ministère des Affaires étrangères. Il coordonnera la préparation, la mise en oeuvre, le suivi des décisions des instances politiques de concertation et le rapprochement de nos deux pays dans les instances européennes. Il sera assisté d'un adjoint du pays partenaire. Le Secrétaire général pour la coopération franco-allemande participera au Conseil des ministres franco-allemand. Il présidera la Commission interministérielle pour la coopération entre les deux pays.

42. Afin d'améliorer la connaissance réciproque des pratiques administratives et l'efficacité de notre travail en commun au sein des administrations publiques de nos deux pays, nous demandons à nos ministres de généraliser l'affectation de fonctionnaires auprès du pays partenaire, au niveau national comme au niveau local, de rendre systématiques les contacts entre responsables des mêmes dossiers dans les deux Etats, d'accroître les échanges d'information, d'améliorer la connaissance de la langue du partenaire et de mettre en place des formations conjointes, particulièrement pour l'encadrement. Nous les invitons également à intégrer dans leur équipe, au sein de leur cabinet, un ressortissant du pays partenaire. Nous invitons également les collectivités territoriales à mettre en place de tels échanges.

43. La mise en oeuvre de la présente déclaration relève de la responsabilité conjointe des ministères des deux pays dans leurs domaines de compétence respectifs. Ceux-ci soumettront, lors du Sommet suivant ce 40ème anniversaire, un programme conjoint de coopération. Il sera ensuite procédé, lors de chaque Conseil des ministres franco-allemand, à l'évaluation de la mise en oeuvre des programmes de coopération et à l'actualisation de leurs priorités.

Le Président de la République française Le Chancelier de la République fédérale d'Allemagne Jacques CHIRAC Gerhard SCHROEDER Fleche_haute60E0.gif (891 octets)

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Auteur:Son Excellence Immo Stabreit, Ambassadeur d'Allemagne en France, 

Notes d'Henri Douard. non revues par le Conférencier .Déjeuner-débat du 6 Juin 1997 (Alerte aux Réalités Internationales)

Résumé:

La relation franco-allemande est spéciale et repose sur des sentiments très profonds. Pour le Président Weizecker, l'amitié réelle qui s'est instaurée ne permet pas encore une compréhension suffisante. Or les solutions de l'avenir doivent être trouvées ensemble. La métaphore de "La Cathédrale inachevée" implique la durée dans le processus. La construction en est longue, déroutante, imprévisible. Où en est "le chantier"?

La politique et l'amitié.

Le besoin de l'amitié entre les deux Nations longtemps déchirées s'est affermi et renforcé par des actions dans de multiples domaines. Faut-il rappeler les initiatives décisives des pionniers du rapprochement : Jean Monnet, Robert Schuman , Alain Poher, Konrad Adenauer, sans oublier De Gasperi et tant d'autres. De Gaulle a d'abord été tenté par une réduction physique et géographique de l'Allemagne, puis par une intégration au sein d'une alliance faute de trouver des appuis pour la première solution. C'est à "un rythme effréné "que l'Union Européenne s'est alors bâtie. La "clé de voûte" franco-allemande devait être construite sur des ruines morales, psychologiques, physiques. Seul un certain degré d'union doit permettre aujourd'hui d'éviter la marginalisation. Le traité de l'Elysée (1963) a été la pierre angulaire des échanges : innombrables rencontres entre administrations et au niveau gouvernemental, échanges de fonctionnaires aux Affaires Etrangères, coopération des forces armées et unités communes de combat, échanges entre députés et autres commissions, concertation entre banques centrales, des milliers de partenariats entre villes et établissements divers, les échanges entre jeunes ( 5 millions à ce jour). Les sondages montrent enfin la profondeur de l'amitié entre les deux partenaires ( avec toutefois une nuance importante : pour l'Allemagne, l'Amérique reste le "modèle", pour la France, non...). Est-ce "la fin de l'histoire" entre la France et l'Allemagne? " Il n'en est rien , énormément reste à faire!"

Discussions, querelles, controverses.

L'élargissement de l'Europe, le maquis des égoïsmes nationaux, une certaine dilution des influences n'empêchent pas le noyau franco-allemand d'exister et les facteurs d'unité de se maintenir, mais on peut remarquer une stagnation et peut-être un éloignement dans les rapports. Est-ce, par exemple, le tarissement des moyens financiers qui frappe l'office franco-allemand dans son budget ou suscite l'ajournement du sommet culturel ? On lit dans la presse que l'Allemagne opposerait un "diktat" au sujet du pacte de stabilité, et l'Ambassadeur s'en dit choqué. En dehors des hésitations du gouvernement français au sujet de la réunification, l'Allemagne est montrée du doigt dans l'affaire yougoslave (reconnaissance "prématurée" de la Croatie). On peut voir, de ce côté-ci du Rhin, combien "la France vit dans l'Histoire à un point extrême" et garde à l'esprit une représentation presque inouïe du passé! On parle de la guerre de 1870 comme étant le premier point de rupture entre les deux pays, les Français ne savent pas que le 17 ème siècle est pour l'Allemagne le premier signe de l'inquiétude (Louis XIV contre la coalition d'Augsbourg, ravage du Palatinat) . L'Allemagne enfin unie a voulu dire à la France en 1870 : "Cessez de vous considérer comme le premier pays au monde!". Monsieur Stabreit dénonce le penchant actuel "d'accuser" le voisin de convoiter l'Est européen, ou les Balkans. Erreur d'analyse, il n'y a pas hégémonie allemande ou impérialisme. L'Allemagne joue un jeu régulier et nul ne peut lui reprocher la demande économique qui lui est adressée. Enfin l'abandon du mark en faveur d'une monnaie européenne ne suppose-t-il pas quelques conditions?

Plus généralement l'Allemagne parvient lentement à recouvrer son identité. Peut-on lui reprocher l'unité réalisée de son peuple ?. Elle défend aujourd'hui les intérêts normaux d'une puissance dont la langue est la plus parlée en Europe. La France qui a surmonté intacte l'épreuve de la guerre se sent menacée à tort à côté de son grand voisin "L'histoire n'est pas un coucou !", elle ne se répète jamais mais la politique reste à inventer. De Gaulle et Adenauer ont convenu que les deux pays devaient renoncer à façonner séparément l'Europe car aucun d'entre eux ne se soumettrait à l'autre.

Il est vrai que des préjugés sont tenaces, par exemple l'idée que la Rhénanie est "à moitié française", ou encore que le transfert du gouvernement de Bonn.-qui n'a jamais été une capitale- à Berlin constitue un geste agressif, l'idée que la place enviable du mark, dans les officines de change en Russie ou en Europe orientale est la preuve certaine d'une prise de pouvoir etc... La susceptibilité française et quelques idees toutes faites sont pour le partenaire allemand un sujet d'irritation et de gêne.

Le sursaut

Les dérives de l'amitié franco-allemande doivent être surmontées par un surcroît de réalisme. Nous devons travailler fraternellement ensemble sur des plans concrets : poursuivre les échanges entre personnes, associer dans les entreprises les élites et les cadres en charge de la formation, mettre au point un statut d'entreprise commun, poursuivre l'apprentissage mutuel des langues malgré le poids inéluctable de l'anglais : "j'ai appris le russe et soudain ma compréhension du peuple russe a changé"! La compréhension du partenaire est absolument essentielle et toutes les mesures doivent être prises en faveur de cet objectif.

"La cathédrale est inachevée"...mais la durée permet la poursuite de l'oeuvre. Sur le plan de la culture, de la formation, des gouvernements, des administrations, des entreprises où tant a déjà été fait, la coopération doit se poursuivre avec vigueur. Le couple franco-allemand a peut-être moins de rêve en tête, mais sa réussite est un enjeu historique et mérite notre mobilisation.

 

 

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Les Mémoires de Joseph Rovan " Un Français qui se souvient d' avoir été Allemand "

Ce bilan d’une vie peut se lire au premier degré comme une autobiographie, colorée, chaleureuse, admirablement écrite. Mais il est aussi un grand document d’histoire politique, relève Jacques Nobécourt dans une élogieuse critique parue dans La Croix .Viennois, berlinois, provençal, parisien de Meudon, et définitivement aussi bavarois qu’auvergnat, Joseph Rovan - né en 1918 à Munich - fut " allemand " jusqu’au printemps 1934, lorsque, de Berlin, il rejoignit en France, ses parents qui s’y étaient réfugiés au lendemain des premières mesures du gouvernement d’Hitler contre les Juifs. Il date symboliquement son choix définitif de la France du jour d’août 1940 où il refuse d’user d’un visa d’entrée aux Etats-Unis pour trouver une autre patrie. " Je ne voulais pas manquer à l’appel d’une France qui redeviendrait elle-même ".Au fil de 555 pages, trop courtes, défile l’itinéraire d’une vie conduite " non au coup par coup mais la mise en pratique d’une utopie profondément vécue " : " la réalisation d’une société vraiment démocratique où ne régneraient que la raison et la fraternité (...), l’instauration d’une société sans classes ni commandements imposés ". Tout le monde en rêve à 20 ans et en rit à 40. Pas Rovan qui joignit " la persévérance de la conviction au réalisme de l’action " .

Les jésuites de Lyon, Témoignage Chrétien, la Résistance, Michelet (dont Rovan, déporté lui aussi, fait la connaissance à Dachau), Esprit, Peuple et Culture, le Bild et la revue Document, "d’une étape à l’autre pendant cinquante ans, le temps de la réconciliation avec l’adversaire s’est écoulé sans une halte". Rovan, un pont vivant entre les deux grandes nations jadis ennemies "héréditaires" et finalement réconciliées.

Le Seuil 555 p. 160 F. Michel Cuperly

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