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RISQUE INTERNATIONAL DE L'ENTREPRISE  
"Le risque est le propre de l'homme" 
Auteur:

DEFINITION DES RISQUES

Les entreprises et l'International Management

Le risque économique

Le risque politique

 

La conduite de projets privés engage par définition des entreprises et particuliers qui font de leur libre contrat la loi de leur comportement. Il serait pourtant naïf de sous-estimer l'importance de l'environnement politique qui structure juridiquement les initiatives, sécurise ou déstabilise les comportements, suscite une large part des profits et des risques.

Cet environnement a profondément changé dans les dix dernières années, sous l'influence des grandes puissances en matière de politique étrangère, mais aussi sous l'influence des organisations économiques multinationales et des grands opérateurs financiers.

Personne morale disposant d'une identité, d'un patrimoine, de ressources et de projets, l'entreprise est un acteur de la vie économique et une victime potentielle du risque politique. Seules quelques-unes ont les moyens d'agir en politique : ce sont généralement les plus importantes ou celles qui se situent à un carrefour électoral essentiel (agriculteurs, grands employeurs, fournisseurs de services publics).

Pour une entreprise, le risque peut être défini comme:

- un écart par rapport à une prévision, un objectif dans un système donné (par exemple un programme, un budget, une implantation à l'étranger);

- une oscillation éventuellement irréversible de l'environnement ou du marché, en-dehors des limites acceptables d'un équilibre donné (par exemple un effondrement des taux de change, un changement radical de politique économique, une guerre durable).

Le risque politique peut se manifester directement à l'entreprise sur les différents éléments de la chaîne du profit: violences ou entraves sur les biens, les opérations et les personnes, prélèvements par expropriation, fiscalité, rançon, exigence de corruption etc...

Cette forme de risque était caractéristique des pays du Sud dans les années 70 et 80 : succédant à une période de décolonisation souvent difficile, les jeunes nationalismes pratiquaient volontiers un interventionnisme protectionniste qui les conduisait parfois à exercer de fortes pressions sur leurs partenaires étrangers.

Le risque politique peut aussi se manifester indirectement sans viser une entreprise particulière ni même une branche d'activité. Les conditions générales d'activité économique et sociale sont alors menacées par une situation de trouble politique ou de déséquilibre financier. Le Liban ou l'Afrique du Sud des années 80, le Rouanda et la Bosnie des années 90 fournissent des exemples du premier cas, le Brésil est un exemple quasi permanent d'hyperinflation. L'Algérie, la Russie et l'Ukraine combinent les difficultés financières, politiques et sociales.

Encore plus indirect mais au moins aussi préoccupant, le risque systémique provenant d'un ordre mondial insatisfaisant qui déstabilise les économies et durcit les oppositions politiques. Les mouvements erratiques de taux d'intérêt ou l'économie de la drogue fournissent des exemples de tels risques.

Le risque parvient normalement à l'entreprise par le biais des marchés, nationaux (conjoncture d'offre et demande) ou internationaux (prix des matières premières, taux d'intérêt et de changes). Il peut parvenir aussi tout droit de l'environnement international ou national dans leurs aspects économiques (conjoncture, protectionnisme, dumping), politiques (guerre, expropriation) ou sociaux (grève, xénophobie).

Il existe en outre d'évidentes interconnexions entre l'environnement et le marché : avant de toucher directement l'atelier de production de l'entreprise Dupont, l'environnement atteint le marché des ressources, des technologies, des capitaux dont dépend l'entreprise Dupont.

L'analyse des origines lointaines du risque socio-politique n'est pas une spécialité de la littérature de management, surtout pas celle qui cuisine les recettes de Sun-Tse ou de Mao à l'usage des vendeurs de cravates.

Pour la compréhension du politique, il vaut mieux fréquenter les spécialistes de l'action collective : politiciens et politologues comme De Gaulle et Raymond Aron, guerriers et stratèges comme Napoléon et Clausewitz, diplomates et philosophes de l'ordre international comme Kissinger tout seul.

En fonction de leur sensibilité ou de leur tendance à l'abstraction, ils insisteront sur l'origine économique des risques, sur les facteurs proprement politiques ou iront chercher dans les profondeurs sociales la source de tous ces maux.

Le risque a des aspects subjectifs importants. On ne perçoit un phénomène que si on est équipé pour le percevoir; on ne le perçoit comme risque que si l'expérience de notre vulnérabilité nous le présente comme dommageable pour nous.

Le vocabulaire du risque n'est pas beaucoup plus précis dans le domaine de l'entreprise que dans d'autres activités humaines. Il est encore obscurci par les procédures qui prétendent s'attribuer le monopole de la notion, par exemple dans l'assurance-crédit ou dans le risque de change ou encore dans la prévention des risques naturels ou technologiques.

Même si on s'en tient aux impacts économiques, le risque d'entreprise est perçu de nombreuses manières et à différents niveaux:

- un incident de paiement par défaut du client ou impossibilité de transfert des devises;

- un écart sensible entre charges et recettes prévisibles d'un projet;

- une difficulté opérationnelle sérieuse dans le fonctionnement de l'entreprise;

- une menace physique ou psychologique sur les personnes, les actifs, l'identité même de l'entreprise...

Dans la vie des affaires internationales, le risque politique est traditionnellement perçu sous sa forme la plus facile à chiffrer : l'incapacité de payer pour une entreprise publique étrangère ou l'incapacité de transférer des devises convertibles. On le perçoit aussi dans ses manifestations spectaculaires : l'usage de la force politique (rupture unilatérale d'un contrat, décision arbitraire sur l'équilibre du contrat) ou de la force armée (guerre étrangère ou civile).

L'assureur-crédit perçoit le risque-pays essentiellement sous les formes suivantes:

- non paiement par carence d'un acheteur public;

- non transfert par défaut de devises dans le système monétaire;

- défaut généralisé de paiement et de transfert.

Le financier est concerné bien sûr par le défaut de paiement, (risque de liquidités), mais aussi par les cours des changes et les taux d'intérêt perturbés par la conjoncture politique.

L'industriel est impliqué par tout ce qui concerne la protection de ses ressources physiques, humaines et financières et l'équilibre de son compte d'exploitation.

Une vision purement évènementielle du risque politique assimilé à une catastrophe inattendue ne serait guère efficiente, pour deux séries de raisons:

- le sinistre, pour parler comme les assureurs, est le plus souvent précédé par des signes annonciateurs qu'il vaut mieux repérer dès que possible. Quand Mme la Marquise apprend la mort de sa jument grise, elle ne peut que découvrir trop tard l'incendie des écuries du château, la ruine de ses finances et le suicide de son mari. L'incident de paiement n'est souvent que la jument grise d'une crise politique.

- les effets indirects du risque politique, même sans évènement spectaculaire, sont fréquemment plus pernicieux que la perte d'une créance. L'entreprise peut certes craindre un mauvais coup (Pierre DAC : "On peut recevoir un mauvais gauche tout en étant dans son bon droit"), mais elle peut aussi languir d'une leucémie importée (climat des affaires, taux d'intérêt élevés) ou mourir d'overdose et de stress devant les complications et aléas de la vie politique : les entreprises à flux tendus sont particulièrement vulnérables à l'instabilité du milieu.

Le sinistre peut résulter d'un évènement généralisé frappant la collectivité dans son ensemble (catastrophe économique, guerre étrangère), impliquant toute une branche d'activités (par exemple l'armement ou les travaux publics) ou dirigé contre un partenaire particulier (expropriation, rupture d'une concession).

Qu'il s'agisse de flux financiers, de conditions d'exploitation ou de protection des actifs, il est essentiel de distinguer l'incapacité physique ou économique de remplir un engagement et l'hostilité dirigée conduisant au refus d'honorer ses engagements. C'est à peu près la nuance qui existe entre la menace et le risque.

Les diverses perceptions du risque font l'objet de pratiques managériales différentes et spécialisées. Pourtant elles interfèrent largement entre elles pour constituer un défi complexe à la décision du chef d'entreprise.

En outre elles ont le plus souvent leur origine commune dans l'environnement sociopolitique et parviennent à l'entreprise soit par le biais directement visible du marché, soit par les réseaux et contraintes de l'organisation sociale et politique.

Il est donc sage de renoncer provisoirement aux définitions étroites des procédures et techniques spécialisées pour analyser les impacts du milieu sociopolitique sur les diverses fonctions de l'entreprise.

Celle-ci peut être considérée comme une boîte noire puisant ses ressources dans l'environnement, procédant à diverses opérations appréciables en forme de résultats, le tout sous la conduite d'un management humain (et parfois trop humain), donc source d'erreur et de risque. La boîte noire n'est pas étanche : elle est largement soumise aux influences du politique (règles ou actes individuels) comme du social (pouvoir du consommateur, du citoyen, du membre d'une communauté familiale ...)

Les échanges de ces divers mécanismes avec le milieu, donc avec les risques politiques, sont permanents et d'importances variables. En outre l'engagement international de la firme, et donc le risque, s'élargit directement lorsqu'on passe de la pratique marginale de l'exportation à l'implantation industrielle, au financement à long terme et a fortiori à la mise en place d'une démocratie de marché à l'échelle mondiale.

Il est indispensable d'aller chercher ailleurs que dans les livres de comptes clients, ou même ailleurs que dans les comptes d'exploitation, les sources et les signes annonciateurs d'un risque possible. On doit mettre à plat les mécanismes essentiels de l'entreprise pour repérer les vulnérabilités aux risques politiques de toutes natures.

C'est en quelque sorte un "Audit interne des risques politiques" qui examine les impacts sur les ressources, sur les opérations, sur les résultats, sur le management général de l'entreprise.

I - LES RESSOURCES:

A) LES TECHNOLOGIES:

Conçues au sens large, il s'agit:

1°) des savoirs-faire de l'entreprise;

- brevets, licences, capacités d'innovation, tours de main

2°) des équipements immobiliers et mobiliers:

- Bâtiments et machines, réseaux techniques

B) LES APPROVISIONNEMENTS:

  1. énergie et matières premières
  2. demi-produits et composants
  3. services nécessaires

C) LES RESSOURCES FINANCIERES:

En recherchant des ressources financières, l'entreprise vend du futur à ses actionnaires et à ses créanciers : préférence pour des profits à venir et confiance dans l'entreprise et son management. Ces deux notions sont en principe chiffrables en toute rigueur sur le marché financier sous forme de prime de risque ajoutée au taux d'intérêt.

Or le taux d'intérêt et la prime de risque ne dépendent pas seulement de quantités physiques, par exemple la monnaie en circulation, mais aussi et surtout de conceptions sociales et politiques qui évoluent largement selon les pays et les circonstances. La confiance dans la monnaie, la confiance dans une entreprise déterminée, surtout quand elle est étrangère, sont des facteurs subjectifs frappés d'incertitude et donc de risque.

1°) obtenir des ressources pour le haut de bilan

Le mieux est certes de disposer d'"une vache à lait" sous la forme d'un flux garanti de recettes rémunératrices dans son pays d'origine ou ailleurs.

A défaut, il faut convaincre des partenaires de partager risques et profits, donc susciter la confiance par la négociation en tête à tête ou par la publicité financière.

2°) des ressources pour le bas de bilan:

- être payé par le client : la gestion du poste "clients" n'est pas une simple préoccupation technique. Elle implique prise en considération de la conjoncture locale, des usages relatifs aux délais de paiement et procédures de recouvrement, de l'image de l'entreprise et de sa capacité d'influence dans son milieu d'insertion. Toutes choses qui demandent une analyse juridique et psychologique de ce milieu.

- le crédit à court terme : fournisseurs et banquiers, organismes de prélèvements fiscaux et sociaux laissent dans l'entreprise des sommes importantes avant remboursement.

Leur inspirer confiance, obtenir à bon prix des ressources fiables et aussi permanentes que possible, ce n'est pas chose acquise : une modification de l'environnement économique et social peut perturber cet équilibre fragile. La bienveillance ou même la neutralité de l'information transmise par les agences de renseignements commerciaux peuvent également être soumises à l'humeur "politique" d'un analyste boursier ou d'un journaliste influent.

D- LES HOMMES:

La réussite d'un projet économique dépend évidemment de la qualité de la main d'oeuvre et du climat social. L'entreprise transnationale y est particulièrement sensible; l'entreprise à racines locales n'est pas épargnée par les phénomènes sociaux "importés" tels que chômage, inflation, pression syndicale ou même conflits armés.

1°) la main d'oeuvre disponible dans les quantités, qualités et prix convenables:

Même en l'absence de réglementations de l'accès au marché du travail, l'offre de main d'oeuvre dépend largement de la politique générale ou spécifique conduite par les autorités locales.En outre le travail n'est pas une quantité d'heures abstraites acquises à un moment donné sur un marché abstrait : il met en oeuvre des hommes, c'est à dire un potentiel d'aptitudes et d'attitudes plus ou moins ouvertes à la coopération.

Dans certains pays comme le Japon, travailler dans une firme étrangère n'est pas forcément valorisant. Un peu partout d'ailleurs règne une forme d'ostracisme qui se traduit par des surcoûts et par une plus forte instabilité de la ressource humaine.

Ailleurs la ressource humaine doit être formée, pas seulement aux techniques et coutumes spécifiques d'une entreprise, mais parfois aussi par alphabétisation et accoutumance aux disciplines personnelles les plus élémentaires de la vie économique.

2°) Le statut et les conditions de travail :

Les contraintes de la législation du travail, de la fiscalité et du contrôle des changes sur le statut du personnel local ou expatrié doivent être connues à l'avance, si possible "négociées" avec le pouvoir existant. Elles sont susceptibles de changement, voire de changement inamical...

3°) Les relations humaines

II - LES OPERATIONS:

A- PRODUCTION ET LOGISTIQUE:

C'est le processus de transformation physique des ressources en produits utiles au client final (qui rétribuera cet effort le plus souvent par un paiement).

Analysé depuis longtemps dans l'atelier industriel, le processus de production varie en fonction des "métiers" (mécanique, chimie, transport, banque etc...) et des milieux d'application. Un mécanicien ne court évidemment pas les mêmes risques selon qu'il exerce ses talents dans son propre pays ou dans un pays éloigné en état de guerre, à domicile ou sur un engin de transport ou sur une plateforme pétrolière ou à bord d'un sous-marin...

1°) les risques politiques dans la production:

- la rupture d'approvisionnements par embargo, boycott, pénurie, grève de dockers, guerre avec les pays fournisseurs

- incidents sur les technologies : atteinte à l'intégrité physique des équipements, au droit d'utiliser les technologies (brevets et contrefacteurs locaux, opposition écologiste)

- incidents sur les ressources humaines : grève, insurrections, manifestations extérieures ou menaces contre le personnel (enlèvements, appel sous les drapeaux),

2°) les risques politiques dans la logistique :

Sur les installations de stockage et les moyens de transport appartenant à l'entreprise ou en contrat avec elle.

B- LA COMMERCIALISATION:

L'approche du client par l'étude de marché, l'adaptation du produit, du prix, du réseau de distribution, de la promotion peut être analysée comme un processus de conquête politique. Mais de conquête au sens de la séduction, vulnérable aux humeurs du public et aux ardeurs de la concurrence. Les phénomènes politiques ne sont pas toujours absents de telles joutes.

1°) les erreurs de conception sur le marché, sur son importance, sont fréquentes . A l'origine de telles erreurs, on trouve une communication habile des intermédiaires locaux qui surestiment le potentiel de croissance et plus encore la solvabilité, la confiance aveugle en des mécanismes rationnels de marché qui fait penser que "tout se passera comme chez nous".

Le plus souvent aussi, c'est l'effet moutonnier qui fait se précipiter sur un marché à la mode, en suivant des confrères, eux-mêmes entraînés par des ministres grands communicateurs. L'histoire des relations d'affaires avec les pays du Sud est parsemée de tels engouements.

2°) le produit :

- les produits "sensibles", à forte charge affective : produits mondialisés apparaissant souvent comme symbôle de domination culturelle (Coca Cola; Disneyland...). La réticence au "not invented here" et les procès en responsabilité ou la résistance des intermédiaires locaux (syndicats de monteurs/réparateurs).

- les produits à forte responsabilité civile : santé, chimie, déchets et transports dangereux. Ces problèmes sont désormais bien analysés par les spécialistes de la "cyndinique" (science du danger) et de la "Gestion des crises".2

3°) le prix

- le prix de dumping

- le prix de "spéculateur" sur les produits alimentaires essentiels (émeutes du pain en Tunisie)

4°) le réseau:

Le choix du réseau d'accès au client est rarement neutre du point de vue politique.

- Enraciné dans son territoire et ses traditions, le commerçant a une mentalité de propriétaire foncier devant l'immigrant, ou de percepteur de droit de passage. Il peut en outre se considérer comme une sorte de représentant du peuple face aux exigences des étrangers.

Les conflits possibles avec ces intermédiaires ou avec les prescripteurs (administrations, normes, associations) se colorent parfois de nuances polémiques sur "l'arrogance et la cupidité des capitalistes étrangers".

- Les intermédiaires obligés, proches du pouvoir (la famille des rois arabes, la Nomenklatura socialiste ou libérale, les mafias) ou appartenant à des classes sociales électoralement influentes, ou encore disposant de pouvoirs de coercition de type parapolicier (sociétés de survveillance) ou mafieux, exigent le prix de la "protection".

- les minorités commerçantes (Chinois en Asie du Sud Est, Libanais au Moyen Orient, Indiens en Afrique Orientale, généralement plus actifs et prospères que la population locale, sont souvent les boucs émissaires du gouvernement, et peuvent faire l'objet de chantages et pogroms organisés par des pouvoirs populistes.

C- LA GESTION FINANCIERE:

1°) la gestion des charges d'exploitation

2°) la gestion des investissements

3°) la gestion des fonds d'autrui: trustee, stewardship.

Toutes les entreprises, pas seulement les banques et assurances, gèrent les fonds d'autrui.

Irresponsable ou coupable, la désinvolture en ce domaine n'a pas manqué : faillite des Savings and Loans américaines, affaires Maxwell et des Lloyds en Grande-Bretagne, rumeurs d'indélicatesses des dirigeants de grandes entreprises françaises.

La notion d'abus de biens sociaux est de plus en plus invoquée par les autorités fiscales et pénales dans les grands pays occidentaux;

L'opinion se rend compte que les dirigeants non-propriétaires (et aussi les patrons d'entreprises familiales) tirent du patrimoine corporatif beaucoup plus que la rémunération d'un travail, ou celle d'un risque ou encore moins celle d'un résultat. On se rappellera la campagne d'opinion, peut-être encouragée par les Japonais lors de la "mission commerciale" du Président BUSH au Japon, sur les salaires et avantages exorbitants des managers américains des entreprises les plus déficitaires.

Les suites judiciaires et politiques d'une telle mise en cause sont évidemment fâcheuses pour la notoriété commerciale et financière de l'entreprise.

D-LA COMMUNICATION:

1°) la communication interne

2°) la communication externe

Les maladresses psychologiques et les conflits politiques de la communication publicitaire et institutionnelle.

III- LES RESULTATS:

A - LE CHIFFRE D'AFFAIRES:

La progression des ventes est un premier critère, voire un objectif de la croissance de l'entreprise.

Il dépend évidemment du fonctionnement non perturbé et si possible optimisé par la politique, des cycles d'approvisionnement, de production, et de commercialisation. Disons qu'il est lié aux conditions favorables à la croissance des entreprises, c'est à dire à la conjoncture et à la politique économiques.

Il peut être en outre vulnérable à la volonté des autorités locales de ne pas le laisser croître au-delà d'un certain seuil. Le gouvernement du pays d'accueil veut par exemple éviter une contrainte excessive sur les producteurs locaux, ou sur les ressources en devises ou en monnaie locale nécessaires pour financer la production et la consommation des produits.

Une telle attitude se constate dans les économies centralisées, dans les pays à faibles ressources extérieures, dans les pays pauvres qui craignent de se gaspiller dans des consommations somptuaires.

Des contraintes spécifiques, voire des interdictions, existent pour certaines professions sensibles par leur contenu de pouvoir : banque, édition, communication, service au grand public.

Enfin le chiffre d'affaires, plus ostentatoire que le profit, s'avère tentant pour la pression fiscale et pour le chantage physique (sur les magasins, les camionnages, les personnels). Il n'est pas difficile de mobiliser contre lui l'animosité populaire...

B- LA RENTABILITE:

Sauf pour les entreprises en début d'expansion et (donc?) pour les entreprises japonaises, le chiffre d'affaires n'est pas le critère essentiel. Ce qui compte est évidemment le profit, mesuré de diverses manières.

Avant utilisation des profits: la fiscalité

Après le prélèvement fiscal: la libre disposition des bénéfices les rend plus ou moins intéressants. Le rapatriement des bénéfices

Quel est l'avenir de quatre sources de rentabilité considérées comme acquises?

a) Le gaspillage par la consommation (qui fournissait chiffre d'affaires facilement renouvelé et marges non contestées par la clientèle)

b) Le gaspillage de la nature par l'exploitation des ressources naturelles;

c) Le gaspillage des ressources humaines:

d) La rentabilité par la création financière:

C- SECURITE, SOLVABILITE DE L'ENTREPRISE:

a) Les risques commerciaux

b) Les risques sectoriels

c) Les risques systémiques

d) Les risques politiques

D -IDENTITE, INDEPENDANCE:

L'entreprise , être social, vise à se maintenir dans son identité, à se reproduire, à conserver son patrimoine, sa culture, son indépendance.

Qui disparait: l'entreprise ou ses actifs?

Peut-on établir un indicateur de vulnérabilité politique pour l'entreprise?

a) Peut-on maintenir Image et culture d'entreprise?

C'est souhaitable: un climat de sympathie est nécessaire au marketing le plus élémentaire, au moral des employés, à la confiance des actionnaires, au soutien des autorités de toutes natures.

Mais ce n'est plus très facile. Dans les années 80, le libéralisme avait favorisé un climat de sympathie envers l'entreprise, créatrice de richesses et milieu d'épanouissement de l'initiative personnelle.

Dans les années 90, les résultats ne sont pas au rendez-vous. La persistance de la crise, dont l'entreprise n'est que partiellement responsable, pose des questions sur la capacité de l'entreprise à réaliser ses missions : produire de la richesse et de l'emploi. La population a l'impression d'avoir consenti en vain des avantages juridiques et fiscaux importants sans contrepartie sur la croissance globale et encore moins sur l'emploi.

En outre les "facilités" du management (avantages personnels excessifs, erreurs, fautes et même fraudes) ont terni l'image de respectabilité acquise dans les années 80. Il est difficile de communiquer sur la mémoire et le projet quand la réalité ou les modes de gestion imposent le délestage des effectifs, la cession d'actifs, la fusion ou la délocalisation.

Les missions et le statut de l'entreprise pourraient bien être remises en question dans les pays occidentaux, là même où elle a acquis son autonomie et son prestige social.

b) l'indépendance

IV- LE MANAGEMENT GENERAL:

A- LES ACTEURS DU MANAGEMENT : leur acceptation, leurs risques

- Politique et la personne des dirigeants: droit des étrangers, droit pénal;

L'étranger riche, cible du chantage criminel ou politique: enlèvements ou assassinats en Italie, Algérie, Liban

- nationalisation des dirigeants.

B- LES METHODES ET LE STYLE:

C- LES STRUCTURES DE L'ENTREPRISE:

Les structures d'entreprises peuvent être remises en question:

a) par des contraintes juridiques

résultant du droit de la concurrence et des ententes

de la privatisation des entreprises publiques

de la déréglementation des services publics: ex.en Europe, les transports aériens et ferroviaires, la distribution d'électricité.

Une question : la vague de déréglementation issue de l'époque REAGAN-THATCHER se poursuivra-t-elle?

b) par les nécessités d'adaptation rapide au changement (décentralisation des responsabilités, flexibilité, réengineering) et aux espaces de développement (Think global, act local)

les structures juridiques sont particulièrement vulnérables au risque politique, éventuellement élargi au risque juridique d'intervention du Procureur de la République en faveur des actionnaires minoritaires (affaire PINEAU-VALENCIENNES en Belgique).

Le contrôle par les nationaux ou les étrangers est aussi une pierre d'achoppement.

D- LES STRATEGIES

Prospective des risques politiques pour l'entreprise

1°) Où trouver la croissance sans risques?

a) A l'Ouest?

On y trouve la puissance des marchés mais plus la croissance rapide (saturation)

On y trouve un milieu d'entreprises riche en ressources et initiatives; on y trouve aussi une concurrence féroce et bien installée;

On y trouve des ressources humaines de grande qualité et des clients déjà bien formés par la société de consommation;

On y trouve un encadrement juridique à peu près clair et libéral, mais aussi une volonté de Glasnost (actionnaires, syndicats, presse, pouvoirs publics) qui peut gêner le secret des affaires...et les combinaisons obscures.

b) Au Sud?

On y trouve la croissance rapide, et bientôt la puissance des marchés (Chine, Inde, Brésil);

Les infrastructures publiques (transports, télécommunications, formation professionnelle) et privées (banques, comptabilité...) sont insuffisantes et parfois mises à la charge des nouveaux venus;

c) A l'Est?

d) Dans le Monde entier:

-moteurs de croissance et de régulations

-changement de cycles ou de modèles

CONCLUSION:

a) les risques de défaillance d'entreprise: Les entreprises meurent parfois de mort naturelle après avoir réalisé leur objectif : réaliser tel projet, exploiter telle technique ou tel créneau de clientèle. Plus souvent elles disparaissent par accident d'origine extérieure, mauvaise appréciation de l'environnement ou faute de gestion caractérisée. Les ouvrages centrés sur la défaillance et le redressement des entreprises fournissent des indications intéressantes à ce sujet.(3)

* les risques de la filiale ou du projet

* les risques de la maison mère

b) les risques d'origine externe:

* les risques liés aux fournisseurs

* les risques liés aux clients

* les risques liés aux concurrents

Ces trois sources de risques relèvent de l'ordre économique et donc de la responsabilité normale du gestionnaire. Il faut toutefois remarquer que des conflits économiques mal maîtrisés peuvent déboucher sur des implications politiques, surtout à l'étranger. Par ailleurs la position de l'entreprise et des partenaires peut être directement ou indirectement modifiée par des facteurs non exclusivement économiques.

* les risques liés à l'ordre politique

* les risques liés au désordre politique

* les risques liés à un état tiers

* les risques liés à l'état d'origine

c) Il faut accepter l'idée que les entreprises sont vivantes donc soumises aux cycles de vie, à la maladie et à la mort. Les facteurs de base de l'économie (population, ressources naturelles) évoluent sur le très long terme. Les régimes et systèmes économiques (capitalisme, communisme...) ont également une certaine durée de vie.

Par contre, l'entreprise, conçue comme agencement autour d'un projet, change rapidement avec la disparition de ce projet au profit d'un autre : tout dit que ce processus devrait s'accélérer.

L'entreprise-institution sociale, elle-même, combinaison d'un patrimoine et d'une identité, est vouée à une mortalité plus fréquente qu'on ne pense. La durée de vie moyenne d'une entreprise est bien inférieure à la vie humaine. Dans les dernières années, de très grandes et anciennes entreprises ont disparu: PANAMERICAN, Creusot-Loire...

STRATEGIES ET TACTIQUES DU RISQUE POLITIQUE

Il n'est pas indispensable de se montrer aventureux, en économie ou ailleurs, pour courir des risques réalisables à plus ou moins long terme. Un biologiste, amateur d'humour noir, fait remarquer que la vie elle-même est une maladie mortelle sexuellement transmissible : observation inattaquable qui peut conduire à une certaine sérénité envers le risque . La tension, donc le risque, donc la crise, donc le dommage sont inhérents à toute expérience humaine.

On peut vivre dangereusement sans subir de dommage ou même de crise, mais si le pire n'est jamais sûr, il reste toujours possible...

Face au risque, on peut adopter diverses philosophies, variables selon les tempéraments individuels et les milieux culturels (fatalisme musulman, état-providence d'Europe Occidentale, violence anarchiste etc...) : éviter, se protéger, transférer, exploiter voire susciter le risque.

I- STRATEGIES

A- DIVERSITE DES SITUATIONS STRATEGIQUES:

Une combinatoire des situations:

1°) Selon les lieux

2°) Selon les moments

3°) Selon les niveaux

4°) Selon les acteurs en présence

B- DIVERSITE DES STRATEGIES: Une analyse stratégique complexe:

1°) Décision sur l'impact:

a) le lieu d'impact:

Quelle est l'unité pertinente de management du risque? qui perçoit, qui subit, qui réparti Le Risquble:

- à l'intérieur du système visé: un budget, une entreprise.

- à l'intérieur d'un système plus large: entreprise plus assureur, plus état...( système de transferts)

b)la part de:

- prévention/protection

- gestion directe

- transfert

- exploitation

  1. La décision stratégique:

On remarquera que poser les bonnes questions:

- c'est déjà comprendre (interpréter?) l'évolution passée.

- c'est déjà changer le présent

- c'est réduire (par l'action) l'incertitude sur les avenirs possibles

- enfin poser une bonne question c'est souvent induire une bonne réponse. Alors qu'une mauvaise question induit toujours une mauvaise réponse sauf si, par ses excès, elle conduit à reformuler la question.

3) Qui pose les questions?

Une question est une décision, la décision de ne traiter qu'un champ de la réalité et sous un certain angle. Un peu comme un peintre devant son tableau figuratif. On sélectionne une partie du réel et on hiérachise les éléments. Il en résulte presque nécessairement une conclusion prédeterminée par le champ et l'approche envisagés. A condition simplement de respecter quelque rigueur dans l'enquête et le raisonnement (géométrie euclidienne) ou la mise en scène affective (Dieu existe mais il a besoin des cloches et des évêques).

Cette décision est en quelque sorte un postulat arbitraire. Poser une question, c'est lui donner une valeur absolue par rapport aux autres questions possibles:"le véritable problème est celui-là"http://www.geoscopie.com. De quoi on parle, de quoi faut-il parler en priorité ?

l'entreprise ne dispose pas toujours des moyens d'influer sur les règles du jeu. Le risque politique est le plus souvent hors de portée d'une action microéconomique.

Par contre un état, et encore plus une communauté d'états, dispose en principe des moyens d'agir sur le système international pour prévenir certains facteurs de risques tels que le cours des matières premières, les variations brutales de taux de change et d'interet, les rythmes de croissance. Chacun est libre de choisir son mode de chauffage, mais il n'est pas interdit de s'entendre pour définir les règles de sécurité collective et pour financer la brigade de sapeurs-pompiers. C'est à peu près la raison d'etre d'institutions telles que le FMI, le GATT, la Banque Mondiale, le G7, le Club de Paris etc...

Le gouvernement mondial de l'économie n'est certes pas un fait acquis, mais il est sans doute moins utopique que la prévision à quinze ans des risques économiques et politiques.

II- TECHNIQUES ET TACTIQUES DU RISQUE POLITIQUE 

 

 

COMPLEMENTS:A new book, "Managing International Political Risk," examines the changing nature of threats to investors and lenders associated with foreign direct investment in resource and private infrastructure projects. This volume is the product of a symposium on International Political Risk Management and the Role of Political Risk Insurance held under the auspices of MIGA and the Karl F. Landegger program in International Business Diplomacy at the School of Foreign Service, Georgetown University. Practitioners from Enron, Chevron, Exxon, Lloyd's of London, Citicorp, GE Capital, Standard & Poor's and American International Group analyzed the tools, techniques, and strategies adopted by firms and financial institutions to manage political risk while investing in emerging markets. For information contact Blackwell Publishers at http://www.blackwellpublishers.co.uk/asp/book.asp?ref=0631208801 (source: IPANET newsletter 11/1998)

This month PrivatizationLink features an analysis of the use of political risk insurance (PRI) in privatization transactions and projects involving private participation in infrastructure (PPI). This feature examines trends in privatization and PPI, discusses the benefits of PRI to investors and governments, and reviews three recent case studies where PRI facilitated significant transactions in Africa, Asia and Eastern Europe. Political risk insurance can play a key role in bringing governments and the private sector to a mutually beneficial result by offering benefits to both. For investors and their lenders, obtaining political risk insurance alleviates fears of perceived political risk, helps improve the risk/reward calculation of an investment project and can even bring down the project sponsor's borrowing costs. For the government, lower perceived political risk from the investors' point of view can help maximize the value of privatized assets and broaden the pool of interested investors. Read the full feature online at --  http://www.privatizationlink.com/feature/feature.cfm. Please address your comments and feedback to -- privatizationlink@worldbank.org. Enquiries regarding MIGA's political risk guarantee products should be sent to Federica Dal Bono -- fdalbono@worldbank.org

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