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I- L'INFORMATION

  • 1°) L'information ouverte:

OBSERVER:Comme en tout "problem solving", on commence par accumuler des données, des thèmes, des concepts, des questions ou problèmes, des attitudes et opinions pour un inventaire rapide de ce dont on parle ("issues") et de ce qu'on en dit ("commentaires"). C'est le radar avant la détection.
    • A- LES DONNEES:

Pour une première approche avant enquête sur le terrain, on peut consulter des monographies de base dans des ouvrages de référence du type "WORLD ALMANACH AND BOOK OF FACTS", "STATESMAN'S YEARBOOK" ou même "ENCYCLOPEDIA BRITANNICA". Dans chaque grand pays se publient des annuaires de données tels que, en France, RAMSES, "L'Etat du Monde" ou "l'Année Internationale"; en Allemagne le "FISCHER WELT ALMANACH" ou le "KNAURS WELTSPIEGEL", au Royaume-Uni "The ECONOMIST YEARBOOK" etc...

On trouve aussi des recueils de conseils sur les pays à risques, soit dans les publications professionnelles (en France, le MOCI et les lettres d'information de la COFACE, des grandes banques, de NSE Export...), soit dans les documents des ministères des affaires étrangères. Par exemple, le Département d'Etat américain (Citizen Emergency Center) propose en télématique une banque de données actualisée en permanence sur les conditions de voyage et de sécurité dans tous les pays du monde. Quelles données?

Les données quantitatives : Les rapports statistiques les plus complets sont publiés par les organisations internationales, notamment les Nations-Unies, la Banque Mondiale et l'OCDE. Les monographies géographiques ou sectorielles élaborées par ces grandes organisations sont pratiquement indispensables dans cette premièreb phase.

Les données qualitatives : règles juridiques ou morales (Constitution, Principes généraux du droit), valeurs, attitudes et opinions, rôles et comportements de la population.

La chronique des faits : le KEESING'S WORLD REPORT est un exemple de chronique rigoureuse et détaillée des évènements, complétée chaque année par des synthèses annuelles et des index de lieux et de nom. Il en existe d'autres dans chacun des grands pays. Cet impressionnisme encyclopédique permet de commencer à percevoir des "faits" ("les faits sociaux ne sont pas des choses", mais plutôt l'agencement significatif des choses).

  • B- LES COMMENTAIRES

1) Les opinions exprimées Ce sont des indices, des témoins et parfois des acteurs de la vie politique. Les opinions réelles, si on pouvait les connaître, seraient un matériau beaucoup plus fiable que les réponses de circonstance faites à un enquêteur de circonstance pour répondre à la demande (orientée?) d'un client de circonstance. Les opinions réelles mêmes n'auraient cependant pas valeur absolue de prévision. Parce que les opinions changent, parce que les hommes n'agissent pas toujours selon leurs opinions mais selon leurs capacités devant les contraintes du moment. Et peut-être aussi parce que les opinions, surtout si elles se structurent en théories, sont parfois construites pour le confort moral plus que pour l'action.

2) Le document En matière de risque politique, l'information se présente souvent sous la forme d'un document (discours de programme du type "Mein Kampf", texte de loi, jurisprudence, articles de presse etc...) qui reflète les intentions des acteurs(). Tout document important mérite une critique:

* critique des sources et de l'authenticité : un document tronqué ou falsifié peut déclencher une guerre ou un conflit entre partenaires économiques. En 1870, la dépêche d'Ems, "simplifiée" par Bismarck, entraîne la réaction furieuse des Français, la chute du Second Empire et la création du Deuxième Reich.

* analyse de contenu à partir d'une étude des mots significatifs, des arguments, du référentiel etc...(

* interprétation du sens voulu par son auteur : une déclaration est produite plus souvent pour affirmer une valeur ou imposer une image que pour établir la "vérité" ou trouver un consensus (distinction opérée par J.Habermas entre "la raison instrumentale"et "l'agir communicationnel")

* situer le document dans son contexte : pourquoi cette déclaration ou cette jurisprudence ici et maintenant, qu'est-ce que cela nous apprend sur un ailleurs et plus tard? L'absence de document est également significative : y a-t-il censure par les autorités, ou silence-radio avant l'attaque? Ce silence traduit-il une négligence fautive envers un point crucial source de conflit?

 

3) Les Dossiers de presse Les "news" et "views" donnent une impression de ce dont on parle et de ce qu'on en dit. Les sommaires annuels et index de revues mensuelles ou hebdomadaires, par exemple des revues de politique internationale, donnent également une image de l'essentiel.

Les grands journaux proposent désormais leurs index annuels et leurs articles en plein texte sur CD-ROM et sur serveur télématique. C'est par exemple le cas pour le Financial Times, "The Economist", "The Washington Post" et récemment "Le Monde". Un autre monument de l'information : le "BOOK of RECORDS" du New York Times, avec un index annuel de résumés introduits par mots-clés.

Les grands serveurs de données informatisées proposent également des sélections de revues de presse : par exemple sur CompuServe, on peut consulter Newsgrid, sélection de nouvelles d'agences de presse, Newspaper Library, qui reproduit les articles de 48 journaux dont USA Today et "Washington Post". On y trouve même des Clubs qui échangent par courrier électronique leurs vues et informations sur les relations internationales (Global Crises Forum) ou sur les pays de l'Est (Soviet Crisis News Clips). Mettant agréablement en scène une véritable revue de la presse étrangère, l'hebdomadaire "Le Courrier International" peut être considéré comme une enquête d'opinions à faible coût et comme un baromètre des pressions du monde.

  • C- LES FAITS
  • L'unité de base n'est pas la donnée (unité élémentaire mathématique ou informatique) mais le fait et son contexte. Pour l'étude du risque, c'est l'éventualité d'un fait dommageable. Le fait est un ensemble de données, de relations, de savoirs, de perceptions et d'attitudes : il y a une analogie avec la notion d'objet utilisée en informatique.
  • L'ordinateur s'est longtemps contenté de calculer, à partir de bits d'information élémentaires, ce qui était calculable (grandeurs physiques ou comptables). Il commence à manipuler des objets complexes : chaînes de connaissances, raisonnements, créativité (logiciels IDEAFISHER, CK MODELLER). Ceci nous libèrera un jour de l'arbitraire naïf des mathématiques économiques qui raisonnent "toutes choses égales par ailleurs" et pour qui ce qui n'est pas chiffré n'existe pas. Les "sciences dures" du XIX° siècle portent sur des objets matériels ou abstraits (nombres) parfaitement isolables et quantifiables, contrairement aux notions essentielles mais imprécises qui concernent les comportements humains comme celles de danger, agression, changement social etc...
  • L'évènement visible est une schématisation du réel, un simple indice que quelque chose se passe, la partie émergée de l'iceberg. En outre le fait, l'évènement n'existe pas en soi : il est perçu, senti comme tel. Il est parfois même construit arbitrairement sans nécessité autre que subjective, par un acteur politique. Il peut être aussi inventé par les media (le charnier de Timisoara) ou par les spécialistes de désinformation (le KGB? un concurrent machiavélique?)(). Retenir un fait dans un champ d'observation, c'est lui donner une certaine structure, de l'importance et de l'urgence, parfois même une existence. L'observateur ne se contente pas d'observer : dans la mesure où il voit quelque chose, c'est qu'il s'attend à le voir et l'a déjà partiellement compris.
  •  2°) Recherche et protection de l'information fermée: 

II - L'INTELLIGENCE: EVALUER L'INFORMATION

  • 1°) Evaluer

    • a-Evaluation critique

    La question d'évaluation permet de se placer à l'extérieur d'un objet correctement identifié et compris (par exemple le risque de terrorisme ou d'inflation) pour en estimer l'impact. Elle suppose des critères de réalité (existence, preuve, cohérence), ou de valeur :

    - jugement de réalité : le phénomène ou le risque est-il vrai ou faux, important ou négligeable, permanent ou temporaire...

    - jugement de valeur pratique : l'action du perturbateur, la réaction de la victime est-elle utile ou inutile, possible ou impossible, efficace ou non, rentable ou non, quels sont les coûts et avantages...

    -jugement de valeur morale ou esthétique : le beau, le bien, le juste ne sont pas des catégories de l'économie classique. Cependant la nouvelle école de la socio-économie, qui étudie les comportements humains dans toute leur complexité estime à juste titre que les jugements de valeurs doivent être intégrés à tout raisonnement économique(). Cela nous paraît être le cas pour le risque politique qui est lui-même soumis à des appréciations politiques.

    • b- Ordonner l'information
      • Les classements par thèmes opposés facilitent la schématisation :
      "Vrai-faux, essentiel-accessoire, grand-petit, théorique-pratique, cause-effet, possible-impossible, valable-non valable, juste-injuste, meilleur-pire, bon-mauvais, actif-passif, réaliste-abstrait, simple-compliqué, moderne-traditionnel, stimulant-apaisant, profond-superficiel".
  • L'opposition, forme de pensée courante, donne une certaine réalité d'évidence aux concepts eux-mêmes et contribue à les faire percevoir. C'est particulièrement vrai en matière politique où l'on se pose en s'opposant et en durcissant les différences (au moins dans la période de conquête du pouvoir). Les analyses en termes de conflits supposent précisément un affrontement de principes ou d'intérêts.

    • Mais les comportements de synthèse et de solidarité sont également pertinents pour l'analyse des risques politiques : après tout les tensions et conflits ne débouchent pas nécessairement sur des crises, ni sur des dommages. C'est le rôle de la stratégie, et plus particulièrement la diplomatie, que d'éviter de "structurer" la réalité en termes d'affrontements irréductibles.
  • Il est d'ailleurs possible de nuancer les oppositions, d'étalonner les différences sans les chiffrer, par une échelle de degrés intermédiaires du type "très, assez, un peu, neutre" ou encore:

            SIMPLE>Très>Assez>Un peu><Neutre><Un peu<Assez<Très<COMPLIQUE

    On peut aussi imaginer des indicateurs de puissance, de potentiel ou d'agressivité, indicateurs qui nuancent l'absolutisme des catégories logiques pures.

     

II - L'INTELLIGENCE:

 

COMPRENDRE? Quel est la signification des phénomènes sociaux que nous observons? quelles sont les questions qui se posent, les bonnes questions? Comment peut-on parvenir à une interprétation correcte de notre environnement économique et social?

  • A- GROUPER LES OBSERVATIONS

Un homme ne peut comprendre ou traiter plus de 2 "chunks" à la fois, soit 5 à 9 objets, le nombre magique qui correspond aux 7 merveilles du monde, 7 piliers de la sagesse, 7 péchés capitaux, 7 jours de la semaine.

Puisqu'on ne peut enregistrer plusieurs flux, il faut ruser avec la capacité de percevoir des ensembles.

- placer des observateurs ou des clignotants aux passages obligés; il faut particulièrement surveiller les lieux et les moments particulièrement sensibles au risque politique

- créer des structures d'attente et d'enregistrement des faits potentiellement significatifs (petits faits porteurs d'avenir et signaux d'alarme); les enregistrer en séquences, par exemple sous forme d'une chronique à relire de temps à autre, permet de repérer des tendances;

- créer des structures logiques transformant des flux divers en flux uniques, indicateurs de mécontentement de la clientèle, absentéisme d'employés ou d'électeurs, manifestations de rues...;

- des générateurs de symbôles faisant apparaître les informations sous forme non chiffrée mais symbolique et suggérant des rapports; construire des formes claires, cohérentes et utiles, des images et des graphiques (c'est la salle des cartes des Etat-majors);

- des compilateurs de données, des synthèses partielles et provisoires.

Dans un premier temps, au niveau de la collecte des documents et des informations, il est sans doute plus simple de classer les éléments en catégories générales relativement évidentes telles que économie, politique, société; ou encore industrie, état, partis politiques, démographie, modes de vie...C'est d'ailleurs la présentation des monographies d' encyclopédies et annuaires, ainsi que des indispensables fiches d'introduction aux analyses de risque : il est nécessaire de présenter son ours avant de le faire danser.

  • Une méthode studieuse et qui prépare la compréhension consiste à passer sagement en revue les structures, systèmes et résultats du pays concerné, en notant au fur à mesure dans une colonne "Observations" ce qui vient à l'esprit (étonnement, association d'idees, comparaison avec des pays analogues) et ce qui paraît poser problème (premiers jugements de réalité ou de valeur). Cette méthode, étendue par une enquête auprès d'experts, peut fournir une utile diversité d'approches.
  • Il est commode de se constituer une grille d'analyse : par exemple, on peut décrire la manifestation des risques politiques selon trois dimensions:

    - la profondeur, ou les sources directes et indirectes d'origine sociale, politique et économique;

    - l'espace, c'est à dire les lieux géographiques d'origine et de manifestation du risque;

    - la durée de genèse, de diffusion et d'exposition.

  • B- LES BONNES QUESTIONS ET LES BONNES REPONSES:

Après les questions qui permettent d'accumuler des informations, quelles sont "les bonnes questions" à poser lorsque l'évidence des risques inconnus ne saute pas aux yeux?

Quelles sont aussi les bonnes questions qui protègent contre l'évidence lorsqu'elle saute aux yeux au point de rendre aveugle? Ce peut être le cas lorsqu'on est trop sûr de soi, de ses procédures et de son avenir, ou quand on se laisse berner par la désinformation volontaire ou non du milieu. Ce qui semble aller de soi est souvent à l'origine de l'erreur stratégique. Deux exemples d'idees préconçues: en 1940, selon l'Etat-Major français, "l'Armée allemande ne pourra pas attaquer à partir des Ardennes", ou encore en 1944, selon l'Etat-Major américain, "l'Armée allemande ne pourra pas attaquer à partir des Ardennes".

Une méthode éprouvée, c'est la confrontation des idees sous ses diverses formes (brainstorming, méthode Delphi, analyse structurelle, débat parlementaire etc...)

Les spécialistes de créativité fournissent des listes de questions qui fonctionnent comme des ouvre-boîte à idees. On peut les regrouper en trois catégories : analyse et clarification, modification, évaluation critique.

  • 1°) Analyse et clarification: La question préalable à tout inventaire : de quoi on parle, de quoi s'agit-il? quels sont les thèmes de risques, quels sont les sujets concernés? 
  • Délimiter l'objet à étudier, le bien ou l'activité concernée par le risque et par quel risque. Quel est le champ de pertinence dans l'espace, le temps, le niveau de profondeur?
  •  Comment se définit-il en extension (nombre, étendue, limites) ou en compréhension (contenu, attributs)?
  • Analyse dynamique :

    - Repérage des acteurs (identité, attributs, attitudes et aptitudes) et des mécanismes ou forces en présence;

    - Analyse des systèmes : (relations entre acteurs, relations entre actions)

    * dans l'espace : une structure composée d'éléments (nombre, attributs, valeur, groupement, localisation, limite); et de ressources (réserves), des relations de position et de hiérarchie entre les éléments, des réseaux de communication et interaction externes et internes (graphe);

    * dans le temps: Le fonctionnement par flux (relais, interactions, boucles, rétroaction) et par vannes (contrôle des débits, centres de décision et régulation);

    * la relation avec l'environnement extérieur: interfaces, interactions.

Cette analyse de système ne doit pas être considérée dès l'abord comme une explication mais comme une simple commodité de présentation. On verra plus loin que si l'analyse de système a été très pratiquée dans la compréhension des phénomènes sociaux, elle présente trop de postulats ou d'incertitudes pour fournir une explication absolue, donc un système fiable de prévision.

  • 2°) Modification:

La prévision des risques potentiels peut s'enrichir par une simulation des changements possibles en faisant intervenir des hypothèses de fluctuation des variables de base:

- changement dans le milieu environnant : espace, durée, forces et mécanismes extérieurs, changement dans les contraintes;

- modification dans les structures : changements dans les éléments, les attributs et ressources, les acteurs concernés; changement dans les relations d'ordre ou de dimension entre acteurs;

- modification dans les systèmes de fonctionnement : apparition d'agents et moteurs nouveaux, modification des méthodes, finalités et objectifs des acteurs;

- changement de points de vue, de valeurs de référence. La technique "procureur-avocat" alterne deux points de vue opposés, mais rien n'interdit de multiplier les éclairages pertinents;

- analogie avec des situations antérieures ou contemporaines. La comparaison dans l'espace (avec d'autres pays analogues) et dans le passé (dans des situations comparables) peut servir de système d'éveil.()

Attention cependant : comparaison n'est pas raison, puisque les situations ne se transposent jamais à l'identique, dans l'espace ou dans le temps. En outre personne ne peut garantir que les acteurs réagiront de manière analogue dans les mêmes situations. Tout au plus peut-on trouver, dans la comparaison comme dans l'analogie, des sources de questions pertinentes, pas nécessairement des réponses. 

  • C- ANALYSE DE LA SITUATION
  • Une analyse de "situation" potentiellement dangereuse synthétise les points de vue ci-dessus, en un lieu, en un moment, pour un acteur donnés. En fait toute situation mérite deux niveaux, au moins, d'analyse : celui de la situation "objective", celui de la situation telle qu'elle est perçue par le ou les perturbateurs potentiels (puisqu'ils agiront selon cette perception et pas forcément selon "la réalité telle que vous la percevez ou la souhaitez").

"L'évènement" générateur du sinistre déclenche directement ou indirectement le processus dommageable. Par exemple dans le risque politique reconnu par les assurances, c'est l'incapacité ou le refus de payer par l'état d'accueil, ou encore la contrainte ou violence politique exercée sur la vie des affaires.

Pour les centrales de risques (compagnies d'assurances, centres d'observation des stratégies...), il est recommandable de constituer une banque de cas, monographies d'expériences vécues au sein de l'organisation (par exemple, historique des relations de clientèle) ou décrites dans la presse internationale.

Les banques de cas peuvent fournir des analogies pour supporter le raisonnement, mais il faut se souvenir que les situations ne se reproduisent jamais à l'identique (l'Histoire, dit-on, ne ressert jamais les mêmes plats).

Les catégories de la documentation classique seront probablement jugées trop rigides ou trop sommaires ou trop exhaustives pour étayer une analyse dynamique des risques.

Il faudra donc, dans un deuxième temps, distinguer les "objets" pertinents pour la situation envisagée et regrouper les informations en fonction du schéma stratégique.

III- INTELLLIGENCE: EXPLIQUER?

  • A- POURQUOI EXPLIQUER?

Décrire correctement une crise, c'est déjà la comprendre donc partiellement l'expliquer. Mais pour agir on a besoin de repérer les invariants et les variables, les processus, donc d'expliquer les causes et les moteurs.

Le marchand de chaussures de plage et l'opérateur boursier peuvent se passer d'explication : le marché incorpore automatiquement les divers facteurs de décision et les comportements d'acteurs concernés, puis affiche les prix. Inutile alors de construire des théories ambitieuses: il suffit de suivre le marché puisque, selon les postulats des économistes, les acteurs sont à la fois parfaitement rationnels et parfaitement informés. Si on ne croit pas aux postulats, il faut rechercher des explications.

Il faut aussi en rechercher lorsqu'il n'y a pas de marché: c'est évidemment le cas pour les coups d'état et la révolution des valeurs de société. On verra plus loin que la tentative de coter des risques politiques par synthèse des notations est bien fragile...et il ne s'agit pas d'un marché mais de sondages d'opinions. Le marché secondaire de la dette est restreint, occasionnel et assez peu significatif des risques réellement encourus.

  • B- COMMENT EXPLIQUER?

Le dictionnaire relève l'ambiguïté de l'explication dont les différentes approches traduisent bien, en tout cas pour les sciences humaines, le caractère subjectif.

L'explication peut être construite comme un effort d'éclaircissement du sens; puis comme une recherche des règles et des preuves; elle débouche le plus souvent sur la rhétorique des motifs ou des raisons alléguées pour agir.

    • 1°) Le sens

Il n'est pas nécessaire de comprendre un phénomène pour en expliquer l'existence ou l'essence. Il suffit pour cela de le rattacher de manière convaincante à des phénomènes connus tels que des grandeurs économiques ou des séries chronologiques et de calculer des corrélations.

On peut rattacher les révolutions politiques françaises à la misère du peuple (indicateurs de pauvreté) ou à la douceur du printemps (mai 1789, mai 1804, mai 1936, mai 1958, mai 1968, mai 1981...), ou encore à des cycles d'état de grâce et de révolte ("les Français veulent être commandés mais c'est pour avoir l'occasion de désobéir")?

Les économistes ont parfois prévu la santé économique en fonction d'indicateurs significatifs : la consommation d'énergie ou le papier-carton. Certains techniciens de marketing constatent l'anticipation de l'opinion par les thèmes des chansons populaires.

Si des corrélations sont vraiment établies, à grand renfort de nuages de points et de régressions, et si vraiment rien ne change ensuite dans les mathématiques de l'Histoire, alors on est vraiment maître de l'avenir. Mais qui nous garantit les mathématiques de l'Histoire?

    • 2°) Les règles

Pour essayer de prévoir un phénomène social, il paraît préférable de mettre au clair les règles qui en déterminent le fonctionnement, plutôt que de chercher des corrélations dans les astres.

Quelles règles? S'appliquent-elles aux diverses formes du risque politique? S'appliqueront-elles dans l'avenir?

* on peut repérer des formes spécifiques de l'évolution : cycles longs de l'économie (Kondratiev), rôle de la révolution sociale (Marx), schéma des révolutions scientifiques (Kuhn), apparition de bifurcations;

* on peut aussi insister sur certains facteurs : l'innovation technique (Clark, Fourastié), les formes de production et la lutte des classes (Marx), la pression démographique (Durkheim), les minorités actives ("entrepreneurs colériques à la nuque rouge" selon Schumpeter, élites politiques selon Pareto), les valeurs et mentalités (éthique protestante selon Weber), la prééminence de l'information sur l'énergie (modèles cybernéticiens du changement)...On peut construire par induction des arbres d'évènements déclencheurs de danger; on peut analyser des arbres de défaillance par déduction des pannes de système...

* plus généralement, on peut invoquer une sorte de recherche de finalité de l'Histoire (téléologie) vers l'entropie (désordre généralisé) ou un ordre préétabli (millénarisme, Cité de Dieu).

En matière politique, aucune de ces explications n'est empiriquement démontrée ni scientifiquement prouvée, par induction généralisable pour tous lieux et pour tous espaces, ni par déduction à partir de principes supérieurs inattaquables.

Au total, l'explication historique du changement ou du risque repose assez largement sur un acte de foi: "il faut le croire pour le voir".

Il n'existe sans doute pas d'explication générale. Tout au plus peut-on, avec modestie, utiliser prudemment des "théories de moyenne portée" valables dans des champs bien circonscrits.

  • 3°) L'intention de l'acteur
    • a) Le manager "rationnel" de la théorie économique préfèrerait de beaucoup des certitudes "scientifiques" chiffrées, notamment des certitudes favorables, sur l'avenir de l'environnement politique. Du genre "votre partenaire public vous garantit pour dix ans un chiffre d'affaires de 10 millions $, une marge exonérée de 18,5%, un crédit d'installation à 5% remboursable en fin de période"

    Bien sûr, ce manager peut s'appuyer sur des certitudes. On est à peu près certain que l'eau continuera d'entrer en ébullition à 100°, et que par un point extérieur à une droite on pourra continuer à tracer une parallèle et une seule. Ces vraisemblances sont d'autant plus fortes qu'elles ont le caractère inéluctable des postulats dont on peut tirer toutes les conséquences voulues.

    Dans le domaine du risque politique, certaines causalités semblent de même assez bien établies : une charge explosive placée sur un puits de pétrole koweitien peut l'incendier, la faillite généralisée d'un état entraîne des incidents de paiement graves pour l'économie, le bombardement soutenu d'une population finit par lui faire perdre patience, les massacres collectifs ne facilitent pas la vie des affaires en Bosnie ou au Rouanda...

    Mais il s'agit là de conséquences opératoires qui n'enseignent rien sur les causes lointaines ou directes de perturbations.

    b) A la rigueur, le manager se contenterait de probabilités de risques assurables, de préférence de faibles probabilités qui n'alourdissent pas les budgets d'assurance.

    c) Pas très aidé par la science, dure ou molle, le décideur est bien obligé pour appréhender l'avenir de s'appuyer sur un corpus personnel de postulats et d'hypothèses implicites dont les plus profondément ancrées sont celles de sa "vision stratégique" et de son charisme dans la tempête. Au mieux les explications du risque politique sont celles que le manager construit pour se convaincre lui-même ou pour entraîner son conseil d'administration.

  • Puisqu'un tel pragmatisme est de toutes façons inévitable, il vaut sans doute mieux l'encadrer par des méthodes aussi rigoureuses que possible dans les phases d'observation et d'analyse. Le sérieux de l'intention est une condition nécessaire quoique non suffisante du succès.

     

IV- INTELLIGENCE:  PREVISION ET PROSPECTIVE voir la table du  Futur

    • a) La notation de la situation présente 

Les méthodes courantes de prévision des risques-pays reposent curieusement sur le classement des risques actuels. Puisque l'avenir n'existe pas et n'est donc pas mesurable, on analyse le présent et le passé mieux connus. Puis on extrapole les tendances.

Les grandes agences américaines de notation (rating) ont étendu au risque-pays les méthodes utilisées pour l'analyse du risque de clientèle privée.

Certaines, comme Institutional Investors, Euromoney ou Beri, recensent les appréciations des principaux opérateurs du crédit et les ordonnent dans une échelle de préférences. Le rang d'un pays donné constitue sa note : le classement des opinions fait la notation. Cette technique repose sur les mêmes présupposés que les sondages d'opinion, à savoir que les sondés sont qualifiés pour prévoir, qu'ils expriment le fond de leur pensée, que l'opinion du moment reflète la réalité de demain, que l'agrégation statistique des points de vue et le calcul de moyennes englobent les risques extrêmes ou inattendus.

Pour d'autres agences, telles que Political Risk Services, Nord Sud Export et la COFACE, la notation précède le classement. On calcule des indicateurs financiers, économiques et même parfois politiques.

Les facteurs économico-financiers sont facilement repérables par des grandeurs significatives : stocks (réserves, dette), flux (recettes et dépenses en devises, finances publiques...), ratios appropriés (export/service de la dette, réserves/mois d'importation, inflation, croissance etc...). Ces ratios sont très appréciés pour leur commodité malgré leur faible efficacité prévisionnelle en matière politique et même dans la vie économique.

En effet, l'économie et la finance reposent largement sur des facteurs subjectifs d'appréciation. La capacité de remboursement n'est pas un solde comptable mais un argument de négociation ou la manifestation d'une volonté de paiement plus ou moins ferme en fonction des circonstances (exemples récents de l'Egypte, la Pologne, la Russie).

C'est également vrai de la capacité de générer les ressources nécessaires aux paiements par une politique plus ou moins sensible aux consommateurs et producteurs nationaux ou étrangers. La confiance, phénomène subtil, est à la base des créances et des investissements : malgré des critères souvent peu flatteurs, l'économie américaine continue de drainer l'épargne mondiale; malgré des critères macroéconomiques excellents, la Chine continue d'inquiéter.

Enfin, en matière de risque à long terme, il faut se garder de modèles déterministes statiques. On doit envisager le changement brusque ou lent des paramètres, des relations entre variables, la modification de la liste de variables pertinentes, des modèles et même des raisons pour lesquelles un pays utilise ou non un certain modèle de développement économique (exemples: Union Soviétique ? Amérique latine?).

C'est dire qu'on doit réserver les modèles à base quantitative aux situations à très faible changement, où "tout reste égal par ailleurs" : leur domaine exclusif est celui du court terme. Ils n'y font d'ailleurs pas toujours merveille quand on constate que la couverture des risques de taux de change et d'intérêt implique un volume de flux financiers quarante fois supérieur à celui des paiements liés aux échanges réels de biens, de services et de titres de propriété. C'est un lourd tribut payé par l'économie aux incertitudes de la science économique.

La notation chiffrée ne fournit qu'une illusion de certitude. Les données statistiques sont tardives et peu sûres, notamment dans les pays à risques. Les pondérations, toujours arbitraires, diluent la perception du risque : obtenir la moyenne au baccalauréat ne préserve pas de la chute en montagne ni de la maladie d'amour qui peuvent ruiner les plus belles espérances individuelles. Un pays bien noté, dont les indicateurs sont globalement favorables, peut subir un évènement puissant et temporairement déstabilisateur : réunification de l'Allemagne, opération "Mano pulite" en Italie ou en France, scandales financiers au Japon, succession difficile en Chine...

Enfin la notation, comme d'ailleurs le sinistre, découle d'évènements antérieurs et ne dit pratiquement rien sur l'avenir. Etablie dans l'année n0, à partir de phénomènes constatés en n-2 ou n-3, elle ne peut prétendre nous sécuriser pendant toute la vie d'un grand contrat jusqu'à n+15 ou d'un investissement lourd jusqu'à n+infini.

    • b) La tentative de prévision est-elle raisonnable?

Si la tentative de prédire exactement l'évènement-sinistre dans sa nature, son importance, sa date, est illusoire, on peut du moins s'attacher à repérer les mécanismes en oeuvre dans la "sinistralité", les variables-clés, les acteurs politiques en présence. Ceci permet d'esquisser des scénarios, des modes de prévention, de couverture et d'exploitation.

Comment prévoir l'avenir éloigné, qualitatif, accidentel du risque politique? Vaut-il mieux se tromper avec une précision chiffrée (49,75% de chances pour une guerre ou une révolution) ou avoir vaguement raison (la guerre n'est pas impossible si les facteurs évoluent de telle ou telle manière)?

"La prévision est un art difficile, surtout quand elle concerne l'avenir". Si difficile, et si aléatoire, puisqu'il s'agit de risque, que les dirigeants submergés par le quotidien renoncent à s'y essayer et cherchent des solutions simples : à la poursuite du "quick buck" ils demandent la clé du champ de tir. Ils sont encouragés en cela par les apparences de scientificité rassurante des disciplines de la gestion chiffrée: la modélisation économique et la comptabilité.

C'est faire peu de cas des innombrables erreurs de prévision et même de constatation chez l'une et l'autre. C'est aussi oublier que l'une et l'autre sont des conventions de traitement schématisé à partir de postulats non prouvés par l'expérience, postulats que la comptabilité, même "honnête", exprime bien toute la vérité de l'entreprise, et que les modèles de la théorie économique représentent bien toute la réalité du monde.

C'est une erreur sérieuse que d'appliquer une méthodologie à un domaine où elle n'a pas été empiriquement testée, ou de l'étendre au-delà des limites impliquées par les postulats de départ.

Malgré sa séduction, le chiffre (taux de risque par exemple) n'est pas une réalité mais seulement la solution d'une équation mathématique ou comptable. Si on introduit l'évangile dans le modèle, on a des chances de retrouver les dérivées de l'évangile (Gospel in, Gospel out); si on introduit l'ivraie on retrouve les dérivées des mauvaises graines (Garbage in, garbage out). Et rien de plus ou rien de différent.

Il faut s'y faire:

- l'origine du risque est compliquée (multifacteurs et multi-logiques) et complexe (place de l'arbitraire des acteurs et du hasard);

- l'occurrence du risque: (oui ou non, où, quand, par qui, sur qui, combien, comment...) est presque toujours aléatoire;

- l'impact du risque sur l'entreprise et la réaction des dirigeants sont largement subjectifs et susceptibles d'une stratégie humaine qui modifie le danger.

On doit donc se contenter de délimiter la courbe-enveloppe des problèmes, par des approches diverses et non totalisantes, et de déterminer les champs d'initiative possible. A défaut d'expliquer, il faut essayer de comprendre

    • a) S'agissant de risques de l'ordre humain et non matériel, la véritable difficulté n'est pas dans la solution mathématique ou logique de problèmes clairement mais artificiellement posés (courbe d'équilibre, théorie des jeux) qui sont le domaine préféré de l'analyse quantitative à présupposés déterministes ou au mieux probabilistes.

Elle se trouve dans la formulation claire de problèmes pertinents, à partir d'une situation floue mais bien réelle.

L'incertitude, la complexité, l'erreur de conception ou la faute voire l'irrationnalité des comportements y jouent un rôle essentiel. Dans leur commentaire sur les accidents du Titanic ou de la navette Challenger, Ansell et Wharton montrent que les accidents surviennent même quand leur cause est connue à l'avance().

La plupart des grandes crises économiques et politiques ont pris le temps de germer dans la séquence du possible, du probable puis du certain, avant de vraiment exploser en un lieu, en un temps et sous un aspect souvent inattendus .

Pour repérer ce processus organique, parfois pathologique, il faut de la patience, de l'humilité et de la chance.

    • b) Facteurs et scénarios de la sinistralité: Comme indiqué plus haut, on doit analyser les risques potentiels à divers niveaux, de l'immédiat au plus éloigné :

      * l'alerte à l'impact direct sur les actifs et systèmes de l'entreprise (destruction, occupation, obstruction...);

      * les manifestations directes à court terme du risque politique : actes juridiques (fiscalité, expropriation, régime des changes etc...) ou moins formalisés (troubles sociaux graves, guerre, corruption et criminalité...);

      * les sources profondes de genèse du risque politique : inégalités sociales, conflits ethniques, crise du développement etc...

Pour bien faire, il serait utile d'esquisser l'enveloppe des risques potentiels, dans l'espace et le temps, d'un projet déterminé. Puis mettre en place des systèmes d'alerte sur le déclenchement à moyen terme du risque politique.

Le risque politique, modeste ou d'envergure, provient de partout et de nulle part. La veille élargie qu'il implique est peut-être à la mesure des AWACS et des 2° bureaux des grands états-majors de la politique et de l'économie. Sauf exception elle reste hors de portée du champ de vision étroit du chef de section d'infanterie. Mais alors, le dirigeant d'entreprise peut-il pour se simplifier la vie, acheter en préemballé une analyse de risque politique?

Le marché de l'information fournit...de l'information en abondance et même en surabondance. Mais qui a le temps de parcourir la presse d'information, qui a le goût de lire la presse d'opinion surtout quand elle évoque les risques possibles des politiques conduites par le lecteur-décideur? Les voix criardes de Cassandre et de Caton (Delenda est Cartago) provoquent le stress. Certains futurologues américains l'ont bien compris: ils font leur fortune en disant aux décideurs ce que ceux-ci ont envie d'entendre.

Le marché des agences de rating propose des placebo chiffrés ou des évidences à prix élevés (moins élevés toutefois que les sommes considérables consacrées "aux frais généraux"liés à l'image et au confort du dirigeant). Leur philosophie économique est à la fois tautologique (plus un pays est riche, moins il aura de problèmes de paiements) et simpliste (comme si les monarchies pétrolières du Moyen Orient et les Etats-Unis, pays parmi les plus riches du monde, ne recélaient ni généraient aucun risque politique).

L'assureur vend de l'assurance et le banquier vend des produits financiers : ce sont des produits préfabriqués, pas forcément adaptés au risque politique et dont les calculs de marges sont ce qu'ils sont. Le manager peut légitimement penser que ses capacités doivent lui permettre de cerner son propre risque politique au moins aussi bien qu'une loi d'offre et de la demande de produits financiers qui présente parfois des dysfonctionnements.

Le juriste est en principe informé des risques juridiques et fiscaux, mais ce n'est qu'une partie du risque socio-politique. D'ailleurs le juriste ne peut que raisonner à l'intérieur d'un système juridique donné : il est fréquemment mal à l'aise pour sentir les interprétations possibles des magistrats étrangers (voyez la difficulté pour alimenter en France la jurisprudence européenne qui est pourtant "notre fille"). Enfin le juriste dit bien peu de choses sur le changement du système de normes, ses origines et ses modalités, ce qui est l'essence même du risque politique majeur. Il reste muet sur ces risques essentiels ou alors il n'est plus juriste mais philosophe.

Analyser des risques et des opportunités, des forces et des faiblesses, et en déduire des méthodes, ce devrait être en principe le métier du conseiller en stratégie. Mais la profession souhaite facturer des heures d'ordinateur (qui ne sont pas nécessairement dans le sujet) et se contente souvent d'appliquer des recettes de gourou en organisation interne (ce qui ne prémunit pas du risque politique, le plus souvent externe).

On reste ramené à la bonne manière de conduire sa vie : faire soi-même son diagnostic - après avoir sollicité informations et avis sur des points spécifiques- et prendre sa décision en conséquence. 

V- - SYNTHESE

  • 1°) Le rapport d'intelligence

L'équipe de veille: combinaison de diverses formes d'intelligence:

    * l'observateur curieux et précis (KIM) accumulation et mémorisation ; complété par le statisticien, le comptable qui compile et classe, par l'observateur de banques de données qui fait continuellement tourner son radar.

    * l'analyste déductif: Sherlock Holmes:critique des données, déduction, rigueur ,cohérence, preuves

    * l'esprit inductif: regroupe des ensembles partiels, voit des "patterns"locaux

    * Prométhée: génie qui met en rapport des éléments insoupçonnés, transpose des idees d'un domaine à l'autre, situe le problème dans un cadre d'explication et action plus large.

  • 2°) Construire des évidences

En matière de risque politique, l'expérimentation n'existe pas : on ne peut, par souci de rigueur scientifique, susciter des guerres et des révolutions en éprouvette ou en grandeur nature avec des cas suffisamment homogènes et en nombre suffisant pour permettre l'extrapolation. Les lois de l'Histoire ne se calculent pas et, comme le dit GB Shaw : "On apprend de l'Histoire qu'on n'apprend jamais rien de l'Histoire".

Il faut donc interpréter, donner un sens aux observations et construire puis transmettre une évidence à partir d'éléments d'ordre rhétorique : rassurer par le sérieux de l'expérience acquise, par la cohérence des arguments de preuve...et par leur simplicité communicative et sécurisante (Cassandre a toujours tort).

Le décideur n'a guère le temps de lire, ni même de réfléchir : en matière de risques graves, il "zappe" comme la plupart des humains. Il se contente souvent de représentations schématiques du monde, des "visions stratégiques", en fonction desquelles il entamera une action susceptible de correction et d'enrichissement par essais et erreurs: c'est l'approche de la vérité par l'apprentissage (comme l'expérience est la somme des erreurs accumulées). Pour les plus heureux, c'est la création de l'avenir, côté prométhéen qui flatte l'ego et dispense des difficiles réflexions sur l'avenir au profit de l'action et du commandement. 

Dans la formation de cette "vision stratégique", l'éducation familiale, le déjeuner de club, les relations confiantes ou conflictuelles entre confrères jouent un grand rôle.

On peut aussi favoriser la prise de conscience, la perception des ensembles risqués, par une combinaison de concepts-clés et d'images symboliques.

Cartes, graphiques ou images peuvent servir pour:

- attirer l'attention sur un objet flou (schémas et modèles), favoriser les associations entre objets;

- rendre compte de la dimension des catégories, des hiérarchies de concepts;

- figurer des raisonnements de causalité ou finalité;

- représenter graphiquement des conceptions et arguments stratégiques.()

Interpréter (ou transformer?) la réalité par une représentation cohérente, c'est un privilège des humains, et des plus humains parmi eux, à savoir les décideurs, "les entrepreneurs colériques à la nuque rouge" dont parle Schumpeter. Il leur reste cependant à s'adapter ou à s'excuser quand la réalité du risque n'a pas correspondu à leurs conceptions et quand le dégât s'est abattu sur autrui. Dans les accouchements les plus tragiques, le médecin parvient toujours à sauver l'heureux père...Dans la vie économique, si les consommateurs, les employés, les actionnaires sont souvent meurtris, le PDG défaillant s'en tire généralement avec gloire et profit. 

 

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